Alfred Erbs 23mai22
Le masque, le
déguisement et la fête. Point de vue
psychanalytique sur l'Image de SOI et
comment le masque s’intègre dans les
processus qui construisent l’identité
par des jeux de miroirs du cerveau…
A l’âge
adulte, lorsqu’une femme regarde son visage
dans un miroir, elle y voit l’image
virtuelle de son visage.
Cette image
est extérieure à son visage (dans le Soi)
et pour être satisfaite de son image,
elle a besoin de l'intégrer à son visage
réel (dans le Moi).
C'est
pourquoi elle a besoin de se refaire son
masque en se maquillant. Ainsi, elle est
elle-même.
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L’image est d’abord
virtuelle. Telle un masque elle concerne
le visage. Cela ressemble à ce qui
se passe au début de la vie : le
cerveau du bébé est presque vide d’images,
et encore vierge. Puis son cerveau se crée
un miroir. Ainsi l'image de l'enfant est
d'abord extérieure à lui, elle est d'abord
virtuelle comme dans un miroir, elle est
comme un masque qu'il devra intégrer pour
en faire son vrai visage et construire son
Moi.
Plus tard, cette image de l'enfant devient
un moyen terme entre l'image du visage des
proches et le sien.
* On
appelle Soi cette image virtuelle de
soi-même. Le Soi est une évolution du Ça
et la forme préconsciente du Moi. Il y a
beaucoup d’expression du Soi virtuel comme
le Soi qui fait partie de l’évolution ou
le Soi dans l’image masculine ou féminine
de Soi, ou encore comme celui de la
dépersonnalisation (dans les danses de
transe), dans la schizophrénie ou souvent
comme dans l’altzeimer
etc..
La
première image partielle que l'enfant a de
lui-même se fait lorsque vers 2 mois, il
sourit à sa mère. Il voit dans
le visage de sa mère
ses yeux, il entend
la voix de sa bouche
qui parle et il ressent sa
tendresse. À ce visage, il répond par
un sourire. La mère ne se reflète pas
seulement elle-même dans le sourire, mais
elle reflète aussi les émotions de
l'enfant, pas seulement son état d'âme
propre mais aussi celui de l'enfant.
Ce
sourire résulte de plusieurs dimensions.
a)
Il montre que l'enfant sait maintenant
faire la synthèse de tous ces éléments du
visage maternel et du sien en miroir.
L'œil (= l'image visuelle),
l'oreille (= l'image
acoustique), la motricité de la
bouche (la parole-communication)
et le bon fond de
tendresse (= la cénesthésie)
font leur synthèse. L'image virtuelle du
visage maternel est introjectée dans
le miroir de
l'enfant, l'Idéal est
intégré au visage.
b) Ce sourire reflète la
toute première communication en
tant que réponse à la mère. D'ailleurs le
bébé exprime alors un gazouillis.
c) Chaque fois qu'il ressent cette
communication avec sa mère, son père ou
quelqu’un de son environnement, l'enfant
affiche un grand sourire parce que grâce à
cet investissement, l'enfant commence
à exister par lui-même, dans
un Moi encore rudimentaire.
En plus du
jeu de miroir, ce processus du sourire
fait naître le premier vrai échange
d'amour. Le visage de la mère en miroir
dans l’enfant réveille la libido de
l’enfant : il peut désormais s'aimer
lui-même. La mère aime son bébé qui l'aime
à son tour. Cet amour, cet échange de
libido (= de pulsions, d'émotions) est la
condition du sourire. Ce sourire montre
bien que l'amour est fait d'un
narcissisme, d'un Idéal qui se reflète et
s'introjecte dans un corps légèrement
polarisé par la cénesthésie légèrement
érotique.
Ce sourire a été rendu célèbre par R.
Spitz, un psychanalyste américain, sous le
nom du "Sourire du troisième mois" (depuis
on a découvert qu'il avait lieu un peu
avant cet âge). Mais Freud l'avait déjà
reconnu comme un souvenir de la toute
première enfance dans le sourire de la
Joconde que Léonard de Vinci avait peint
en y projetant le sourire de sa première
nourrice et de sa première image
maternelle absente qu'il cherchait encore
au fond de lui-même.
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Récemment une exposition sur l’or des Incas montrait comment dans les religions astrologiques des Incas du Pérou, l’or (en temps que narcissisme primaire) représente d’abord Dieu, le dieu Soleil. Puis l’or devient une auréole puis une couronne (celle du roi soleil). Puis l’or devient un masque des yeux (comme un loup), l’oreille (boucle en or), le nez, puis un masque en or du visage complet. L’or n’a pas encore la moindre signification de monnaie, seulement celle d’un narcissisme tout puissant, celle d’une image virtuelle. Ce sera seulement quand l’or recouvrira le ventre que la notion monétaire (d’analité) apparaîtra.
Dans
ce jeu de miroir du premier sourire, ce
sont les parents et l’entourage qui
servent de modèle et d’Idéal à l’enfant.
L’image virtuelle reflète le modèle et
l’Idéal parental
que les parents ont pour leur enfant.
Ainsi naît la longue lignée des masques
d’Idéal (la princesse, les idoles, les
stars ou toutes les belles images que
l’enfant a envie de devenir un jour)…
Le Bonhomme Soleil
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Alors que jusque-là, l’enfant répondait à tous les sourires d’un peu tout le monde, entre 6 et 8 mois tout enfant a peur des visages inconnus. Il a peur de tout étranger à son entourage habituel parce que maintenant il fait la différence entre les personnes qu'il aime et les autres. Les expériences de terreur et d'angoisse sont causées par le sentiment d'étrangeté, c'est-à-dire par le retrait des frontières du Moi. Cette peur pour son unicité et pour son intégrité (= l'intégrisme) lorsqu'il voit un étranger, montre que l’enfant a peur de tout ce qui n’est pas lui et que l'autre n'est pas encore intégré ou investi comme un objet extérieur. Il a peur que l'autre empiète sur son Moi et sur son territoire. Pour faire la différence entre lui et les autres, il doit d'abord acquérir les limites de son Moi qui se confondent avec sa peau en tant qu'image globale…
Scream
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Ainsi
naît chez l’enfant ce qu’on appelle le
Surmoi qui prendra différentes
formes : la peur de Dieu (la
morale), du grand méchant loup, du
juge (la loi), du gendarme etc.. En
réalité, ce Surmoi est d’ordre paternel et
servira à structurer et organiser l’enfant
positivement.
Venise a par exemple des masques blancs qui à une certaine époque étaient destinés à semer la terreur. Ce sont des masques de fantômes, de doubles. Le fantôme est un mort-vivant, un revenant plus précisément une personne dont on n’a pas fait le deuil. Selon les coutumes, cette personne pourrait revenir pour se venger ou même se réincarner.
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Ce
masque |
L’oiseau de
malheur (protège les médecins
contre le mauvais sort des
maladies)
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En Afrique aussi certains masques sont des morts-vivants : les ancêtres viennent visiter les vivants et leur imposer leur loi. Ce sont eux qui disent ce qui est bien et qui est mal et qui disent à la société ce qu’il faut faire pour être conforme et pour pouvoir un jour les rejoindre au pays des morts (=au paradis).Il me semble que la peur des ancêtres est plus primitive que le Soi et elle est là dès la naissance Dans le Ça.
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Masque
en
forme de
squelette |
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Masque de
mort-vivant grec directement moulé
sur le mort.
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Une variété de masques de
morts-vivants sont constitués par
les masques de Halloween. Ils
représentent des fœtus morts-nés
(et autres ivg) dont la grossesse
est symbolisée par la citrouille.
Ces masques (d’origine Irlandaise)
sont particulièrement négatifs et
c’est sans doute pour cette raison
que les fêtes d’Halloween n’ont
pas eu de succès en France. |
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Les
masques |
Un peu plus tard, l’enfant apprend à se moquer de sa peur. Les psys appellent cela le « déni maniaque ». Il apprend en quelques sortes le sens de l’humour… Le clown résultera plus tard de ces processus : au lieu de pleurer le clown se moque de la situation et il rit. Le guignol au lieu d’avoir peur du gendarme se moque, lui aussi de la situation et il tape sur les gendarmes symbole de l’interdit. Il s’agit d’un mécanisme qui court-circuite une situation déplaisante et la remplace par une décharge de rire.
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Le
Loup permet de se cacher pour
contourner l’interdit.
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Venise, par
exemple, a des masques appelés Loup pour
se mettre à l’abri du de cette peur du
Surmoi de ceux qui interdisent et qui sont
continuellement là à surveiller pour le
compte des groupes politiques de la ville.
D’une manière plus générale les loups avec
des couleurs ou des verreries servent de
déni maniaque à outrepasser les interdits
en tous genres et surtout sexuels.
Carnaval
est une fête où l’on se moque des
interdits (du Père), on se moque du
phallus puissant du Père. Un exemple nous
est donné par Bim-Bam
Premier de Nice. Le carnaval permet juste
avant le carême de se moquer de toutes
sortes d’interdits alimentaires (on mange
les pets de nones) ou sexuels. Ce jour là toutes les
orgies sont permises y compris celles du
sexe… Il sert aussi à se moquer de la mort
(du Christ) dont le carême est une
préparation.
Les masques de fées, de sorciers ou de
magiciens opèrent la même magie bonne ou
mauvaise en donnant une puissance magique
à l’enfant pour transformer magiquement
les choses et les situations…
La
sorcière de Blanche Neige dans le
miroir |
LE DÉGUISEMENT.
Lorsque l’enfant sait représenter dans son cerveau l’image du corps entier, il sait voir dans son miroir l’image globale de son corps. Cette image est d’abord virtuelle et elle ressemble alors à un déguisement. Mais au début cette image est encore extérieure à l’enfant, loin de son corps et elle mettra de nombreuses années pour être intégrée au corps à l’âge adulte.image (le narcissisme se joint au corps en plusieurs étapes : le cerveau, le visage, le ventre, le sexe (= les pulsions primaires, l’oralité, l’analité et la sexualité), Les images peuvent aussi faire leur chemin toute seule indépendamment des pulsions.
Le
double, l’âme sont aussi des figurations
de cette image virtuelle encore hors du
corps.
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Le double :
Arlequin est un double projeté dans
la lune. (L’astrologie et l’animisme
projettent les bonnes et mauvaises
émotions des vivants dans les astres
ou dans la nature).
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1 Les déguisements
en Idéal ressemblent aux masques de
l'idéal.
Vers trois ans
A partir de trois ans, c’est le vrai âge
des déguisements. Ils aideront l’enfant à
intégrer son image de lui-même. La petite
fille par exemple se déguisera en
princesse pour avoir une belle image
d’elle-même et beaucoup de narcissisme. Le
petit garçon se déguisera en superman pour
pouvoir grandir et devenir un jour un
homme puissant.
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L’enfant
aime se déguiser en son Idéal en
l’image |
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Le Père Noël est un Père idéalisé. Son contraire est un Père fouettard surmoi.
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Chez l’enfant le père Noël fait partie des illusions utiles jusqu’à l’âge de six ans et dix ans. Il est une illusion illusoire lorsqu’il est détaché de la réalité après ces âges-là. Le Père Noel est aussi un superman, un super père... |
L’épouvantail |
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Les dinosaures. Les monstres. Les dragons. Les épouvantails |
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Il ya : Vandulf le bon magicien et
son inverse,
Le mauvais sorcier,
La fée et la sorcière. |
Dessin d’un enfant de six ans : Le feu de Bengale entre les jambes montre que la scène parentale intègre la notion de fête avant six ans comme synthèse entre l’image et les pulsions. On voit aussi l’importance du déni maniaque dans ce dessin pour la fête. Cet enfant se moque de ses parents qui font l’amour et refoule leur acte. |
Jusqu’à six ans l’enfant apprend à fantasmer la Scène parentale des parents qui font l’amour. C’est la forme que prend son Œdipe entre 0 et 6 ans. Il veut savoir d’où il vient et qu’il est issu de l’amour de ses parents. Il apprend ainsi à faire les premières synthèses entre ses pulsions sexuelles (encore limitées à cet âge) et son narcissisme. Ce sont ces différentes synthèses sexuelles qui ajoutent à ses images, la magie, l’enchantement, le plaisir et les érotisations nécessaires. Ces synthèses élémentaires de la sexualité pourraient être illustrées par l’exemple de simples notes de musique qui au lieu d’être des notes mécaniques deviennent une belle musique. La sublimation que l’enfant sait faire à ses six ans résulte de cette synthèse psychosexuelle.
Quelques exemples de
Perversions des adultes issues de la scène
parentale qui servent fréquemment de
déguisements.
Les acteurs utilisent positivement la
scène parentale. Ils s’identifient aux
parents qui font l’amour pour jouer une
scène sublimé. La porno provient du
voyeurisme de la scène parentale (ex les
grosses lunettes de déguisement).Dans les
Perversions sado-maso les chaines et les
menottes sont les symboles du cordon
ombilical lien à la mère.Le
fétichisme utilise les culottes
jarretelles ou les cheveux comme celles de
la mère en tant qu’image partielle de la
scène parentale. La prostitution
permet de ne pas faire la cour aux femmes
et court-circuite leur narcissisme pour
obtenir une satisfaction pulsionnelle
immédiate comme le fœtus.
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Ces déguisements traduisent des fantasmes de puberté : les pulsions sont encore brutes, mais la sexualité est encore neutralisée comme chez les nones et leur versant sexy de ce catalogue publicitaire de déguisement.
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Un déguisement qui correspond par exemple à la fin de puberté autour de 14-15 ans est celui de la bonne sœur et de la put…toujours par couple d’opposés. Le noir et le rouge. Le noir est une absence de narcissisme : à la puberté, il n’y a pas encore de sexe ni de plaisir, le rouge symbolise les pulsions brutes qui envahissent les jeunes gens à la puberté.
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Ce beau dessin d’ange-démon est aussi un fantasme d’adolescent. L’ange y est l’enfance et le démon les pulsions de la puberté.
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À l’adolescence, il va falloir intégrer l’image masculine et féminine pour pouvoir devenir un vrai homme ou une vraie femme. Il faudra encore intégrer l’image du Père et de la mère pour pouvoir devenir parent… Il faut encore que l’Idéal et le Surmoi disparaissent et que l’adolescent soit à lui-même son idéal et son surmoi, qu’il n’ait pas peur de faire sa vie selon son propre projet sans peur du monde extérieur, de sa famille ou de la société environnante. Tous les masques et déguisements tombent et la réalité prend le dessus… L’adolescent se créé aussi sont image de groupe notamment par la mode.
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Les initiations (et autres
bizut) sont des processus d’identification
au groupe social.
La société imprime la loi (= le
Surmoi)des ancêtres morts dans la peau
(identité) des jeunes)
pour les forcer à être conformes.
A l’adolescence le passage initiatique
permet d’intégrer l’identité individuelle
et groupale.
La mode est une image sociale.
Elle prend des formes qui correspondent à
un moment donné à une image que se donne
la société. Elle peut, dans certains cas
pathologiques, être une vraie tyrannie.
Elle peut être noire négative, maniaque,
etc., mais il est normal que les
adolescents entre 11 et 14 ans aiment la
mode. Ils veulent tous les même jeans, ils
boivent tous le même coca-cola parce c’est
l’âge où ils communient aux ados du monde
entier où ils s’identifient aux jeunes du
monde entier. Lorsque le Moi est assez
fort la mode disparait.
L’uniforme
est une image du Surmoi du groupe social.
Le gendarme interdit au nom de la société.
Le festival de Cannes est une fête de
l’image et un marché où l’on achète du
narcissisme.
A l’age
adulte.
L'âge adulte achève le narcissisme et l'Oedipe en les
étendant à tout le corps.
Notons ici que le masque et le déguisement
de l’enfant ne sont pas les mêmes que ceux
des adultes. Les femmes qui se maquillent
utilisent un processus de narcissisme
d’adultes alors que le masque de princesse
de la petite fille est un processus
d’idéalisation de l’enfant.
Les masques et les déguisements ont pour but de donner à l’enfant une certaine identité qu’il n’a pas encore ou qu’il n’a pas eue ou qu’il aura un jour. Ils font partie d’une synthèse et d’une évolution plus globale que l’on appelle l’identification. Cette identification permet de donner au Moi une bonne et belle image de Soi.
La vraie identité est celle du corps, du Moi corporel physique telle qu’elle est inscrite dans le corps (par l’Adn) et résumée dans le cerveau. Mais il y a aussi au plus profond du Ça un noyau de l’identité psychique. Elle traduit, tel un tampon, l’image inscrite dans le Moi corporel (= le Ça)
Dès le départ une part de l’identité physique et psychique est héritée des parents, ( le fœtus est même en fusion avec le corps de sa mère), des ancêtres (d’où seront issus les morts-vivants et les monstres) et de la société. Ce sont toutes ces dimensions qui sont inscrites dans le Ça.
Le Surmoi et l’Idéal des ancêtres, de la société et des parents sont là dès le début. On appelle Surmoi, le jeu des instincts et des peurs extérieures (les forces du mal des films) mais aussi les structures et les organisations (comme la loi par exemple). On appelle Idéal aussi bien les mauvaises illusions que les bons modèles extérieurs (les forces du bien) à intégrer. Les ancêtres ont souvent pour fonction de dicter ce qui est bien et ce qui est mal. La société veut en faire autant. Les parents servent de modèles à leurs enfants. Ils leurs donnent les bonnes limites et structures du Surmoi et les bons idéaux.
L’identité corporelle garde une certaine permanence. Le noyau de l’identité psychique est stable lui aussi. Le nom et le prénom sont des formes d’identité qui ne changent pas beaucoup à travers les âges de la vie. Le prénom donne l’identité individuelle (de Soi et de Moi). Le nom de famille comporte l’identité des lignées des ancêtres inscrite dans le Ça.
* Mais une partie de l’identité change avec les âges de la vie. L’identité n’est pas une photo d’identité plate et unique. Il s'agit d’images vivantes et changeantes qui s'adaptent aux situations, à l'âge, etc.. L’identité n’est pas dotée d’éternité comme le rêvaient déjà les Égyptiens ni d’une éternelle jeunesse comme le souhaiteraient la plupart des personnes âgées.
*L’identité est aussi faite de plusieurs couches qui se superposent à ce noyau stable. L’identité est composée d’un certain nombre de couches comme, par exemple, ces poupées russes qui représentent souvent cinq générations matrilinéaires. Parfois, les noms de la fille, de la mère, de la grand-mère, de l’arrière-grand-mère et de l’arrière-arrière-grand-mère sont écrits sous les socles (en général cinq générations matrilinéaires).
En premier c’est la cénesthésie qui organise le noyau corporel. C’est la cénesthésie, faite de tendresse, de caresses, de chaleur et d’un peu d’érotisation qui sert de bon fond à l’identification. Cette érotisation produit, (telles des bulles ou le picotement des yeux du marchand de sable qui endort les enfants), les premières images visuelles hallucinatoires internes. Elle correspond à l’attachement. Sans cénesthésie, l’identité est creuse et manque de base solide. La peau, la matière des doudous ou la matière des vêtements, correspondent à cette cénesthésie. Ainsi, se crée l’attachement par un échange de tendresse et de caresses.
Les pulsions de vie et de mort font une synthèse avec la cénesthésie et deviennent les bons et les mauvais sentiments. C’est la cénesthésie qui fait le lien entre les affects, les sentiments et l’image visuelle de l’identité. Et c’est ainsi que la cénesthésie transforme les pulsions brutes en Ça.
*1° Avec l’apparition des images visuelles dans le cerveau, l’image du bébé fonctionne d’abord sur le mode hallucinatoire. L’Image est créée à l’intérieur, dans le cerveau du bébé, selon des schémas internes issus du cerveau. Mais il y a encore, là dedans, beaucoup de désordre au gré des tensions et des grimaces du bébé.
*2° Puis le bébé projette ses images internes dans le monde externe du cosmos (l’astrologie des devins). Il projette aussi ses sentiments (bons ou mauvais) et ses peurs dans le monde extérieur de son environnement (l’animisme des chamans). Il se crée dans les astres un rudiment d’idéalisation et il apprend un rudiment de maîtrise du surmoi et des peurs du monde extérieur (la peur du loup dans la forêt). L’enfant sait maintenant gérer l’hallucinatoire (comme le font les devins) et agir sur l’environnement (comme le font les chamans). L’animal a sans doute une identité de ce genre puisqu’il marque son territoire, son monde extérieur.
*3 Puis l’image devient virtuelle, elle se réfléchit dans le cerveau comme dans un miroir. Ainsi commence à se créer l’identité. Certains psys appellent cette identité virtuelle, le “Soi“ ou le “Moi encore virtuel“. L’enfant peut maintenant apprendre à rêver et à fantasmer. Beaucoup plus tard, grâce à ces mêmes jeux de miroir, son Moi pourra réfléchir avec son intelligence ce qui se passe dans son cerveau.
*4° Petit à petit la projection des sentiments cénesthésiques perfectionne ses allers-retours entre le corps et l’extérieur. Quand la cénesthésie de l’enfant a une bonne réponse de ses parents, sur ce bon fonds s’ajoutent les images visuelles, acoustiques et motrices du visage de ses proches. Cela se réalise par la projection et l’introjection des images, par des allers-retours entre le cerveau et l’extérieur. Le miroir interne de l’enfant se superpose, alors, au visage des parents. Les parents deviennent le modèle, l’Idéal et cet idéal est intégré dans le cerveau de l’enfant. (Plus tard l’imitation sera une évolution de ce système). Les jeux de miroirs entre les parents et le bébé produisent le sourire de l’enfant et créent la première communication. On voit là comment l’enfant se crée son identité et comment il a besoin que son identité soit confirmée et reconnue dans le miroir de ses parents.
Au bout d’un certain temps, ces allers-retours entre proches et enfants permettent à l’enfant d’avoir une image-identité globale d’abord de lui-même puis de tout l’environnement et, à la fin, le corps de la mère deviendra le paysage du monde entier…
*5° Petit à petit (vers 6 ans ?) l’enfant commence aussi à réaliser des jeux de miroir avec la société. L’enfant quitte sa maison pour aller à l’école. L’instinct de survie revient à la charge pendant la latence et à la puberté pour faire advenir une identité sociale
*6° A la puberté, le corps force l’identité corporelle à changer et il s’y intègre une sexualité nouvelle. La vie pulsionnelle est forcée de changer.
*7° A l’adolescence, le miroir du corps change puisque le corps change et ainsi le miroir a besoin d’une nouvelle identité psychique. L’adolescent doit maintenant trouver sa propre identité. Un peu plus tard dans l’adolescence, l’identité se différencie tout doucement de celle des parents. L’image se sépare de celle des parents mais les parents sont intégrés. L’adolescent intègre aussi en lui-même les identifications à différents groupes et l’identité sociale (sport, travail surtout, etc.). . L’identité sociale et l’identité individuelle feront une synthèse à l’adolescence par le passage initiatique. Et tout cela se passera encore par les jeux d’aller-retour dans le miroir du cerveau. West Side Story est un bon exemple de l’identité sociale que veulent acquérir les adolescents.
*8° A l’âge adulte l’identité fait sa synthèse individuelle grâce à la sexualité et il peut se crée une identité de couple.
L’adulte intègre toutes ces identités dans le Moi. Quand je suis Moi-même, l’image devient vraie, réelle. (je suis Moi dans ma tête, Moi dans mon travail, Moi dans le couple, etc..). .). L’Idéal et le Surmoi extérieurs sont considérablement affaiblis parce que l’adulte est à lui-même son propre Idéal et sa propre Loi. Il connaît ses limites et ses illusions.
*9° L’image du corps est à nouveau modifiée autour de la cinquantaine par la ménopause-andropause puis à la vieillesse par la régression du corps.
Dans le développement, l’adulte sait trouver du plaisir à manger (oralité) à travailler (analité) et à faire l’amour (sexualité). Le plaisir est une synthèse individuelle dont l’orgasme réalise la synthèse de la sexualité. Il aime faire la synthèse entre le narcissisme et ces différents modes de pulsions. Faire ces synthèses donne le plaisir qui est une la fête individuelle. L'orgasme aime réaliser une synthèse entre le bon narcissisme et l'Oedipe.
Mais la fête est davantage une synthèse sur un mode sociale. Il y a les fêtes de la nature... Il y a les fêtes sociales qui ont pour origine le narcissisme astrologique. Les célébrations des cycles lunaires puis des cycles solaires (le dieu soleil des Incas ou des Égyptiens )(Noël, Pâques, les feux de la st Jean sont des fêtes solaires). Il y a les fêtes des identités de groupes ou nationales…etc...
Il y a aussi les fêtes qui sont des synthèses entre l’identité individuelle et l’identité sociale : les communions solennelles, les rites initiatiques ou les rites de funérailles ou autres encore.…
L’identité est aussi liée à l’objet. L’identification se construit par l’objet soit par fusion narcissique avec l’objet, soit par projection sur l’objet externe puis par son introjection. L’identité est intégrée différemment selon que le modèle est idéalisé ou selon le Surmoi que représente l’objet de l’enfant. A la fin, l’identité veut devenir l’identité du Moi. Celle d’un couple se fait selon des jeux de fusion et selon des jeux d’objets plus ou moins virtuels ou réels. La Petite Sirène nous montre comment le bas de son corps de virtuel (= miroir narcissique) devient réel et sexué. Pour cela elle a besoin d’un Prince Charmant. L’homme a besoin d’une initiatrice. L’identité sexuelle a besoin d’être confirmée par un objet d’amour initiateur…
C’est cet ensemble de tous ces processus que l’on appelle l’identification. De manière simplifiée, on peut dire qu’il s’agit d’un jeu du virtuel (c’est-à-dire du narcissisme) et du corps et inversement.L’identification est une synthèse entre le narcissisme et les différentes sortes de pulsions. L’identité est faite par l’introjection de l’image dans le corps. Le narcissisme du miroir fait sa synthèse avec les pulsions dans le corps. Le résultat, c’est que l’on a une belle et bonne image de soi et que l’on devient soi-même pour être bien dans sa peau. L’image quitte le virtuel extérieur et devient réelle à l’intérieur. Je sais qui je suis et je suis Moi! Cette intégration des images dans le corps varie avec les changements du corps et de l’âge.
Au fil du temps et au fur et à mesure que l’identification réalise l’unité image-corps, la notion de masque et de déguisement disparait (normalement dès la fin de l’adolescence).Lorsqu’une femme se regarde tout entière dans un miroir, elle y voit son image virtuelle globale. Grâce au miroir, elle met cette image virtuelle dans le corps.Notons ici que la femme se préoccupe de son image. Elle aime recevoir son narcissisme de son miroir qui lui reflète son image ou celle que lui reflète l’entourage. Elle reçoit son narcissisme de l’extérieur vers l’intérieur, elle est réceptive. Elle a besoin d’être reconnue dans son image. Son identité est davantage construite à partir de son image (de son narcissisme).
L’homme
au contraire se préoccupe plus de sa
valeur. Il a besoin d’être reconnu pour sa
valeur, il a besoin que sa puissance soit
reconnue. Son identité se joue plus dans
sa puissance. Il cherche sa puissance à
l’intérieur de lui et il la sort vers
l’extérieur pour les femmes. Le corps lui
donne son image.
Lorsqu’un homme et une femme font l’amour,
ils échangent leur narcissisme et leur
puissance. Et c’est aussi de même manière
que le Prince Charmant réveille la Belle
au Bois dormant dans cette belle
mythologie de l’adolescence.
Le narcissisme peut venir de l’intérieur
ou de l’extérieur. Le masque et le
déguisement partent de l’image virtuelle
pour s’intégrer dans le corps. Ils peuvent
représenter une image interne fantasmée
(comme Bim
Bam premier) ou une image externe (comme
le masque ridiculisé d’un président). Le
Roi Soleil se revêt du dieu Soleil !
Le masque et le déguisement partent de
l’image virtuelle pour s’intégrer dans le
corps. Ils peuvent représenter une image
interne fantasmée (comme Bim Bam premier)
ou une image externe (comme le masque
ridiculisé d’un président)Le tatouage
donne une image au corps ou inversement le
corps produit son image. Le tatouage sert
d'identité dans bon nombres d’ethnies.L’image
virtuelle aussi bien que le corps peuvent
éventuellement évoluer séparément.Dans
ces synthèses, on voit que l’image
virtuelle (et le narcissisme) peut faire
son chemin indépendamment d’abord sous la
bonne forme de l’idéalisation puis, en
dépassant les limites, jusqu’à devenir une
illusion ou un mysticisme. De même les
pulsions du corps peuvent suivre leur
chemin à elles (comme dans la
psychosomatique par exemple) .
Ce poster de
Virginie Viard nous permet de comprendre
les étapes qui ont été nécessaires au
créateur pour créer ce vêtement.
1° Il a fallu que Karl Lagerfeld imagine
l’image (la hallucine) dans sa tête, dans
ses fantasmes. On appelle cela « une
image virtuelle d’origine hallucinatoire
interne » parce qu’elle a été créée
et produite dans l’imagination de KL.
On reconnaît sur le manteau les fantasmes
qui ont servi à sa création :Des ex-voto
de morts-vivants genre Scream. (Le
premier album du groupe Siouxsie and the
Banshees s’appelle Sream)
Il
serait intéressant de savoir qui étaient
ces visages. Les groupes Métal et les
Gothiques portent de telles médailles ou
objets métalliques.
Des épingles de castration féminine. Une
chaîne de cordon ombilical comme d’un
fœtus mort ( en lien avec la naissance).Et
des phallus sadiques en métal et déplacés
sur l’épaule (ces pointes ressemblent à
celles des casques de l’Empire allemand).
[Il faudrait voir si son père ou
grand-père avaient fait la guerre.] En
Allemagne K.L. est surnommé l’Empereur.
L’ensemble de ces décorations reproduit
une scène sexuelle imaginaire (appelée
« scène primitive des parents qui
font l’amour » par Freud). Il s’agit
de l’Œdipe entre 0 et 6 ans. C’est cette
scène primitive qui permet la synthèse de
ces fantasmes. Réaliser ces synthèses
forme le génie de KL.
2°Dans un deuxième temps, ces fantasmes
sont projetés sur le corps d’une femme et
il devient alors, une image virtuelle du
corps, un vêtement = l’équivalent d’un
déguisement.
3°Dans un troisième temps, cette image
virtuelle devient la mode à partir du
moment où il est socialisé par un
défilement de mannequin. La mode est une
image sociale virtuelle qui sert de modèle
au narcissisme du groupe.
4° A la fin, la mode deviendra un prêt à
porter c’est-à-dire une vraie image du
corps, un simple vêtement. Le fantasme a
alors disparu de ce vêtement. L’image
n’est plus virtuelle mais réelle. Chanel
l’a vendu en l’adaptant aux clients et
sans les objets en métal (sous le nom de
« la Petite Veste Noire »).
On trouve au
moins quatre jeux d’identification dans le
vêtement créé par K.L..La
peau du corps se revêt d’une image et d’un
beau narcissisme.
1 L’identité Chanel aux lignes pures et
sobres telle que la concevait Coco Chanel.
2° L’identité K.L. avec les clous et
autres ferrailles .
3° Ces deux identités deviennent la mode,
c’est-à-dire l’identité sociale de toutes
les personnes qui se retrouvent dans la
simplicité de Chanel ou dans le gothique
de K.L.. La mode est une communion
d’identité universelle ou d’un groupe
social : elle crée une identité
sociale. Les mannequins représentent de
pures images pour être universelles… Les
enfants en s’identifiant à Superman
pourront un jour intégrer leurs propres
images paternelles.
4° À la fin, le vêtement doit s'adapter à
l'identité du Moi du client qui l'achète.
Les uns l’achèteront sous sa forme
gothique. (Actuellement, il y a des clous
sur les chaussures, sur les sacs, etc.
dans toutes les vitrines). Les autres
l’achètent sous la forme Chanel que K. L.
vend aussi sous sa marque.
Le génie de K. L., c’est de pouvoir créer
toutes ces identités et d’en faire de
beaux vêtements.
C’est de la même manière que la personne
humaine fait évoluer son image
*Notons ici, qu’il y a déguisement tant
que l’on est dans l’ordre du
fantasme : les clous de KL sont des
fantasmes qui se superposent à l’image
vraie (au vrai vêtement).Un autre exemple
nous est donné par Galliano de
l’entreprise C.Dior
dont les vêtements dans les défilés sont
plus de l’ordre du fantasme, de l’art et
de l’ordre des déguisements très haut de
gamme.
PS. *Cela nous montre aussi que chaque
marque de vêtements, chaque chaîne, chaque
magasin a besoin d'une identité et d'une
image qui lui est propre, mais qui répond
aussi à une certaine identité de ses
clients.
Pour pouvoir être un modèle, les stars
(Arielle Dombasle ou Mylène Farmer par
ex.) et les mannequins doivent, dans leurs
rôles, se faire une image et
un narcissisme les plus
virtuels (transparents) possibles où le
corps disparaît au maximum.
Dans le cinéma
le processus psy est l’inverse de la
démarche de K.L. Alors que ce dernier part
de ses fantasmes pour aller vers une image
vraie, l’acteur quitte son identité
propre pour s’identifier à une image
virtuelle, à un fantasme, à une image
hallucinée ou imaginée par le scénariste.
Son corps se revêt d’une image qui n’est
pas la sienne. Le masque et le déguisement
au cinéma demandent une projection de
l’acteur dans son personnage : il se
confond avec une image de cinéma qui n’est
pas la sienne.
J’ai entendu, à la télé, Jeanne Moreau
expliquer que lorsqu’elle joue un rôle,
c’est son image virtuelle, son miroir qui
change. Elle devient le personnage, le
rôle qu’elle joue…et qu’il est quelquefois
difficile de ne pas se perdre soi-même…
*Les mannequins nous donnent un autre
exemple de personnes qui veulent avoir une
pure image virtuelle comme celle d’un
miroir. Elles veulent avoir un narcissisme
pur et tout-puissant pour que tout le
monde puisse s’identifier à elles et pour
qu’elles puissent être un modèle d’image
pure pour tout le monde.
*Le
double, l’âme sont aussi des figurations
de cette image virtuelle hors du
corps.
Batman
et la citrouille d’Halloween
Batman, chevalier des ténèbres avec sa Chauve souris de
la face noire, c’est à dire la face
inconsciente fantasmée
Catwoman avec ses chaines et
son fouet sado-masochiste.
Johnny Depp
s’identifie à un beau masque.
Le théâtre.
Alors que le cinéma est une projection
virtuelle visuelle (= issu du
voyeurisme-exhibitionnisme), le théâtre
est moteur, une mise en acte.
Au théâtre l’acteur se confond avec une
mise en acte dans un rôle.
Il
y a beaucoup de pathologies de l’image du
corps et du narcissisme.
Notons
ici que l’identité peut être faussée,
voire pervertie quand elle résulte d’un
faux self, ou de processus faussés au
départ. Les parents, par exemple peuvent
faire prévaloir leur Idéal sur celui de
leur enfant : un jour il sera grand comme
notre Idéal!!! Le prince Harry n'avait pas
voulu être prince au grand désespoir de la
Reine sa mère.
Mais lorsque l’enfant
s’identifie à un faux Idéal (voire à une
illusion), à un faux Surmoi ou à un faux
Moi (qui ne lui permet pas d’être
lui-même) il acquiert un faux soi. C’est
le cas de tricheurs, voleurs ou
autres menteurs. Chez le petit enfant le
masque et le déguisement marquent la phase
où il intègre le Soi. Si l’adolescent ne
réalise pas entièrement son
identification, le masque et le
déguisement des adultes peuvent devenir
des faux et montrent que le Soi et le Moi
n’ont pas été intégrés.La
plupart des perversions résultent d’une
perversion du Soi soit pour l’Idéal soit
pour le Surmoi. Les fétichismes par
exemple.
Il y a très souvent conflit entre l'image
et les pulsions, c'est à dire entre le
narcissisme et l'Oedipe.
Au
niveau individuel.Un exemple de
pathologie du narcissisme.
L’anorexie est un exemple de pathologique
du narcissisme. L’anorexie consiste à
garder le narcissisme (c’est-à-dire
l’image), le miroir du corps absolument
pur et extérieur à soi. Ni la vie, ni le
narcissisme ne peuvent plus pénétrer
d’aucune manière dans le corps de peur de
se mélanger à l’aliment ou à une autre
partie du corps qui pourrait ainsi ternir
le narcissisme. C’est une forme de suicide
par une tyrannie totale du narcissisme.
L’impératrice Sissi a souffert d’anorexie.
Elle voulait à tout prix ressembler à une
pure image et elle maltraitait son corps
par une tyrannie de l’alimentation et par
du sport qui dépassait les limites… Plus
tard dans sa vie, après la perte d’un bébé
puis le suicide de son fils, son anorexie
s’est transformée en « mélancolie »
c’est-à-dire en pensées de suicide avec un
fort désir de se débarrasser de son corps.
Elle disait qu’elle était une
morte-vivante.
Au
niveau social .
B.Grunberger
a montré l'importance de ces conflits. Les
systèmes narcissiques et les systèmes
œdipiens ne font pas toujours bon ménage.
Il cite le conflit Lacan, Nacht à
l'intérieur de la Société de psychanalyse.
Il cite les conflits religieux entre
christianisme et judaïsme. Aujourd'hui il
y aurait ajouté l'islamisme. Il décrit mai
1968 comme une révolte du narcissisme
contre les systèmes œdipiens paternels.
Tous ces conflits peuvent avoir lieux
chaque fois qu'il faut faire une synthèse
entre image et pulsions et aussi bien au
niveau du Ça, du Soi ou du Moi.
Comme nous l’avons vu pour le
masque et les déguisements, la synthèse
narcissisme-pulsions se construit à
plusieurs niveaux.
a) Le narcissisme pur et les pulsions
brutes évoluent séparément.
L’enfant perfectionne d’abord les pulsions
et le narcissisme séparément avant de les
mettre ensemble.
Les pulsions brutes sont prises en charge
par la cénesthésie (la tendresse et la
chaleur de la mère). Il se crée tout ce
que représente le doudou. La cénesthésie
fait le lien entre narcissisme et pulsions
au niveau du Ça.
Le narcissisme, de son coté, fait briller
les images et les intègre dans le miroir
(dans le Moi). Il est d’abord virtuel et
extérieur à l’enfant (dans le Soi) comme
si son cerveau formait un miroir.
Par tous ces jeux de synthèse, le Ça et le
Soi deviennent Moi. "Wo
Es war soll Ich kommen!"disait
Freud.
Voici
un autre exemple de narcissisme séparé des
pulsions :
Le ballon de fête.
Le ballon n’est pas simple à expliquer. Il
y a le ballon, la balle, la boule (la
boule de cristal, les boules du sapin de
Noël), (perdre sa boule) (les boules
lourdes de pétanques), la bulle (même le
marché boursier peut faire une bulle
lorsqu’il est détaché de la réelle valeur
des choses !), les bulles (le
champagne qui se vend à cause de ses
bulles) (les bulles de savon des enfants)
et il y a le cocon (qui deviendra le
doudou) … Dès le Moyen Âge, on gonflait
des vessies d’animaux et en les chauffant
on les envoyait en l’air. En Chine les
ballons sont en papier et forment parfois
les enseignes des maisons closes (où l'on
s'envoie en l'air). Parfois, le ballon
symbolise un gros ventre illusoire, une
grossesse psychologique (comme on dit).
Voici le cheminement symbolique du ballon
de fête. Les ballons sont gonflés à
l’hélium mot qui signifie ciel. Puis ils
sont envoyés en l’air. Le ballon monte au
ciel où il rejoint les étoiles et autres
lampions du pays de l’astrologie. Il monte
au 7° ciel avant de s’éclater. Tous les
enfants connaissent la nécessité et le
plaisir de faire éclater les ballons
(comme les bulles de savon). Parfois, en
éclatant, le ballon fait pleuvoir des
milliers de paillettes de toutes les
couleurs comme feux d’artifice ! A
une certaine époque l'astrologie nous
envoie le Père Noël descend du ciel en
passant par la cheminée… A une autre
époque l’astrologie a fait venir les Rois
mages pour reconnaître le divin enfant et
ils lui offrent des cadeaux : l’or
(=narcissisme anal), l’encens (= la toute puissance)
et la myrrhe (= l’éternité). A la fin de
l’histoire il peut parfois s'agir de la
réincarnation lorsque le ballon forme à
son tour un gros ventre...
Tous ces exemples nous décrivent le cycle
complet du narcissisme qui évolue sans
lien aux pulsions. L'évolution du
narcissisme peut être positive ou
négative.
Les religions et les idéologies, par
exemple, se servent de ce système.
Le ballon est le symbole du
narcissisme détaché du corps qui est
d’abord Idéal puis à la fin illusion s’il
monte trop haut. Quand il explose (comme
les feux d’artifice) c’est la fête comme
dans l’orgasme par lequel on s'envoie au
septième ciel.
Le ballon représente le narcissisme
indépendant du corps, il est de l’ordre de
l’idéalisation, du rêve. Mais il ne faut
pas que l'Idéalisation comme le ballon
monte trop haut. Il faut qu’il éclate à un
niveau raisonnable, sinon l'Idéal devient
illusion, puis mysticisme. Encore plus
haut, il devient clivage entre l’image (le
narcissisme) encore virtuelle et
extérieure du corps et le corps lui-même.
(Autrefois on appelait certains de ces
clivages schizophrénie).
A l’origine, le ballon rond ou ovale
symbolise le placenta qui est le plus
souvent imaginé de couleur transparente,
translucide. Ce ballon est clair et il
aime monter dans le ciel parce qu’il
représente l’Idéal c'est-à-dire le miroir
du cerveau. Dans les jeux d’enfants,
les Zeppelines et les avions forment une
évolution de ces ballons. Mais quand il
s’éloigne trop du corps ou de la réalité
l’Idéal, devient l’illusion. À travers les
idéologies, l’Illusion voudrait mener le
monde.
Le ballon doit être vide ou en tout cas
plus léger que l’air.
Le ballon est un narcissisme de fête. Il a son origine dans le placenta du gros ventre en grossesse. Les bulles du champagne symbolisent le liquide amniotique et la communion…
Lorsque
le narcissisme fait sa synthèse avec les
différentes pulsions c'est la fête.
Après la phase des pulsions séparées du
narcissisme, se développent trois
systèmes, trois sous-ensembles de
neurones, bien différents et assez
indépendants les uns des autres. Ils
s’intègreront au fil du temps dans le
miroir du cerveau. Il s’agit de l’oralité,
de l’analité et de la sexualité.
b) Au niveau oral : le narcissisme et
les pulsions orales font leur synthèse par
la bouche.
L'introjection du narcissisme (de l’image)
commence par l'introjection orale encore
appelée communion dans le langage
courant. Ce narcissisme fait une synthèse
avec les yeux, les oreilles, la bouche et
le visage tout entier. Par la communion le
petit enfant s’identifie à ses parents, il
met leur modèle en lui. L’origine
lointaine de cette communion provient de
l’instinct animal qui fait que les animaux
qui dévorent la même proie, forment un
même groupe. Les animaux communient
lorsqu'ils dévorent le corps et le sang
d'une même proie. Après sa naissance, le
bébé prend sa place et sa part (du
gâteau) à la table familiale. La mère
veille au narcissisme familial. La table
permet la communion entre les membres
d’une même famille et sert à créer le
narcissisme et l’unicité familiale. Le
cocon maternel puis le sein puis la table
sont les premiers lieux de communion.
Manger à la table familiale donne unicité
à la famille. La fête de Noël par exemple
répète la naissance, la nativité de chacun
des enfants en même temps que c’est la
fête du Soleil (du narcissisme) et la fête
de l’unicité familiale.
c) Au niveau anal : le narcissisme et
les pulsions anales font leur synthèse sur
le modèle du ventre.
La deuxième forme de synthèse
narcissisme-pulsions est de type anal.
L’enfant sur son pot se sent le maître du
monde et il jubile. Le narcissisme fait sa
synthèse avec l’analité et donne ainsi le
plaisir de la puissance (y compris la
puissance sexuelle) et le plaisir d’avoir
de la valeur. Il s’agit du plaisir d’un
individu qui fonctionne bien et qui pense
qu’il a sa propre valeur. Le plaisir de
travailler résulte de cette synthèse
anale. Le chocolat (marron) donne un
plaisir fort.
La
balle ou la boule lourde et remplie sont
de l’ordre anal et ressemble à la monnaie
qui est faite d’or (= le narcissisme du
soleil, la lumière, la vie) et de choses
réelles comme la matière qui ont une
valeur. La différence entre l’argent avec
le ballon c’est que la monnaie n’est pas
remplie de gaz mais elle est remplie de
terre glaise, il doit être en lien avec la
réalité il y a de la matière dedans
(=l’analité) . Avec les ballons on échange
l’Idéal. Avec l’argent on échange le
narcissisme contre de la valeur ou de la
valeur contre de la valeur mais certains
échangent du narcissisme contre du
narcissisme...
Chez les Incas le dieu est le Soleil. Puis
le soleil devient une auréole puis le
soleil devient l’or (la couronne du
roi-soleil). Puis l’or devient un masque
des yeux (comme un loup), l’oreille
(boucle en or), le nez, puis un masque en
or du visage complet. A la fin le
Soleil devient le roi-Soleil tout
entier.
L’argent sans support réel perd sa valeur
et devient une illusion. Au jeu,
l’illusion est reine. Lorsque le jackpot
fait bling bling c’est la
jubilation même si c’est illusoire !
La loterie est une illusion qui consiste à
croire que l’argent peut tomber du ciel
sans le travail… Lorsque le travail
aboutit ou lorsqu’on touche sa paye, en
retour, c’est aussi une fête et le
narcissisme prend sa valeur. Le
narcissisme et la valeur qui lui
correspond devraient correspondre à une
réalité, même le Bitcoin!
d) Au niveau sexuel : le narcissisme
et les pulsions sexuelles font leur
synthèse sur le modèle des systèmes
sexuels.
La dimension la plus évoluée de cet
échange de narcissisme et de pulsions
libidinales se trouve dans la sexualité.
La vraie fête est celle qui aboutit à la
fusion du couple sur le plan individuel.
La sexualité marque l'aboutissement et
l'apothéose du droit au narcissisme et au
plaisir. La cénesthésie (= la chaleur, la
tendresse, l’érotisme) permet de faire la
cour et d'avoir le contact pour aboutir à
la fusion sexuelle entre les corps. Il
faut ajouter que même d’un point de vue
psychologique elle seule réalise la
synthèse des synthèses. Cette synthèse
concerne tout le fonctionnement
psychologique et l’orgasme sert de modèle
à tout aboutissement psychologique. Les
choses de la vie sont plus vivantes et
plus faciles lorsqu’elles fonctionnent sur
le principe du plaisir ! L’instinct
de survie et le plaisir de vivre passent
par les nombreuses fonctionnalités et
dérivés de la sexualité. L’instinct de
survie passe par le couple et les enfants.
La cénesthésie transforme les pulsions
brutes en amour. C’est l’histoire des
princes charmants, de la belle et de bête
et de toutes ces histoires de prostituées
qui deviennent de grands amours… La
sexualité est à la fois communion et
puissance anale en un échange de
cénesthésie, de narcissisme et de
pulsions.
La fête procède de l’échange de narcissisme (des
images, de la séduction) et des pulsions.
Déjà dans les temps, les plus reculés les
hommes célébraient les fêtes du Dieu
Soleil, du narcissisme le plus ancien…
Toutes les religions du monde utilisent à
leur manière les fonctions
psychologiques de ce jeu entre le
narcissisme et les pulsions. Elles
appellent fête, l’aboutissement de la
purification, du sacrifice et de la
communion. Les synthèses par les
pulsions amoureuses (par la cénesthésie)
sont individuelles
1) La fête renouvelle le narcissisme, la
belle image de soi en donnant une nouvelle
image. Elle restaure l’identité. Les
personnes en fête se revêtent d'un bel
habit, signe de leur image narcissique et
de leur identité retrouvée.
2) Elle renouvelle les pulsions. Elles
donnent du phallus. La danse par exemple
est une forme de prélude par une sexualité
socialisée. En société la fête voudrait
être un équivalent social de la synthèse
sexuelle. La musique et la danse y forment
un rituel de l'image acoustique et motrice
comme les danses nuptiales animales. Le
groupe est heureux de se retrouver
ensemble et en communion. On danse, on
mange, on boit et on oublie tous les
soucis. On communie au groupe avec lequel
on fait la fête. Chacun trouve son
narcissisme de groupe à condition aussi
d'y trouver sa valeur individuelle.
******************
FIN
Alfred ERBS
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