La place et l'évolution
des fantasmes dans l'enfance. Le rôle des
fantasmes dans les images, dans les
dessins, dans les jeux d'enfants, dans les
films et autres médias. SCREAM et deux
autres exemples.
Il peut être intéressant de se
demander quel est le rôle des fantasmes dans les images, dans les
dessins ou dans jeux d'enfants, dans les films ou
autre encore. On peut se demander comment cela
fonctionne, quels mécanismes psychologiques sont
en jeu. La valeur d'un dessin ou d'un jeu ou d'un
film, est intimement liée à la richesse des
fantasmes qui les sous-tendent et qui y font
naître les émotions de vie, de mort ou d'amour. Ils sont totalement
conditionnés par la richesse des fantasmes
éprouvés dans l'enfance parce qu' ils sont une
étape fondamentale dans la vie des images, y
compris du narcissisme, de l'Idéal, de l'identité,
de l'imagination et de l'intelligence.
LES FANTASMES DANS
L’ÉVOLUTION PSY DES PULSIONS ET DES IMAGES.
Chaque enfant fait évoluer ses
pulsions et ses images intérieures selon des schèmes
internes en les adaptant à la réalité extérieure de
son environnement.
Nous avons vu, dans l'article sur la psychanalyse,
que le cerveau est un miroir, un écran vivant qui
structure et contrôle les pulsions par les images et
on appelle narcissisme ces jeux du miroir qui
brille. Ces jeux de miroirs organisent le Ça
(=l'Inconscient), le Soi (=le Préconscient) et le
Moi (=le Conscient). Les images et les pulsions
s'organisent en fonction de ces trois instances. Les
images donnent du sens aux pulsions à ces différents
niveaux. En premier les images sont brutes puis au
niveau du Ça les images deviennent positivement
délirantes. Ce n'est qu'au niveau du Pcs que les
images s'organisent en fantasmes puis en toutes
sortes de structures automatiques comme la grammaire
ou le calcul automatique. Au niveau Cs les fantasmes
sont mis en arrière plan au profit de la réalité et
de l'intelligence par exemple.
Les
pulsions et les images chez le fœtus et chez le
bébé.
1 Au plus profond, dans le
fœtus, les pulsions et les images viennent de
l'intérieur et sont confirmés par l'environnement
à travers la mère.
L'Adn.
Les pulsions
qui viennent de l’intérieur du fœtus sont une
production de ce qui est écrit dans l'Adn. La forme d'image des
pulsions premières est probablement l'image de cet Adn qui les régit, qui les
organise et qui
leur donne sens et vie.
L'image de l'Adn existe mais n'est
pas représentable. Elle crée le Ça. Parfois
on donne le nom de Dieu à cette image qui ne peut
pas être représentée ni nommée parce
qu'elle est "au delà","
transcendantale". L'Adn est le principe et l'essence
même de la vie comme les pulsions de vie
intérieures. Il est tout puissant et éternel comme
le fœtus. Bon
nombre "d' Alzheimer" ou
de schizophrènes fonctionnent sur ce mode du Ça.
Au début de la vie, c'est l'instinct de survie qui prédomine à travers l'Adn.
Dans le ventre maternel, les pulsions du fœtus sont
liées au corps comme des tensions électriques
positives ou négatives. Les pulsions proviennent de
toutes les tensions intérieures de son corps et aussi
des tensions de la mère et de l'environnement. Ces
tensions ont déjà un sens : elles poussent
harmonieusement à la vie bien que la mort soit déjà inscrites aussi.
Ces pulsions intérieures veulent être parfaitement conformes au bon déroulement des schèmes
de développement inscrit dans l'Adn. Elles veulent
aussi être
confirmées par
l'environnement fœtal maternel/paternel. Elles sont directement imprimées et enregistrées (par
des traces mnésiques) dans la mémoire la plus
profonde du cerveau en formation. Le foetus doit être parfait .
Tout ce qui n'est pas
conforme aux schèmes de l'Adn est destructeur pour
le fœtus. Tout ce qui touche à la survie peut
devenir féroce.
Notons ici qu'avec un bon et long développement, les
pulsions de vie produiront le plaisir, l'amour, la
sexualité. L'envie et le plaisir de vivre (cad le
narcissisme) proviendront des pulsions de vie
d'origine. Les pulsions de mort seront en partie utilisée pour
l'agressivité nécessaire et utile comme dans
l'instinct animal qui jouit à donner la mort à sa
proie et pour toutes les images de sadisme
et de masochisme.
Les pulsions et les images de vie et de
mort sont brutes.
Au commencement il y a donc les pulsions de vie et les
pulsions de mort mais les pulsions de vie
doivent prendre le dessus. La lutte
entre les pulsions de vie et de mort est souvent
représentée par des mythologies semblables à celle de
St Michel qui détrône le dragon. Les bons et les
mauvais dinosaures des enfants symbolisent les
instincts d'origine. On dit que les pulsions et les
images primaires sont brutes parce qu'elles sont
directement liées aux tensions
et aux excitations qui passent par le corps.
Scream illustre une lutte à mort entre le pulsions de vie et les
pulsions de mort brutes.
Un bon exemple des pulsions de vie nous est donné par
Eve la mère universelle. Eve ou Vivante,
porteuse de vie, en hébreu Hawwa est un nom
apparenté à la racine signifiant vivre et il
traduit les pulsions de vie. Le mot a pour origine le
grec Zoé, du mot grec qui signifie vie.
Et Zoé provient des divinités de la fécondité bien
antérieures aux grecs. On trouve ces divinités dans
les mythologies du monde entier. La descendance d'Eve
écrasera la tête du serpent et elle aura sa victoire
sur le mal, les pulsions de mort.
Ces pulsions premières sont
surtout régies par
l'instinct de survie de l'espèce.
Les fondements de la vie
sociale du groupe animal humain y sont déjà
inscrits. Les lois du
sang en sont l'expression. D'elles sont issus, en négatif, les
racismes, les haines entre religions. Il y a même,
là dedans, les transmissions génétiques des ancêtres
morts comme par exemple dans les morts-vivants des
religions animistes ou dans les réincarnations.
Après la naissance s'y ajouterons les lois du sol, la lutte
pour le territoire pour la place au soleil.
Après la naissance, un autre instinct
de survie sera celui de la survie alimentaire par la
faim d'où découleront le désir, le besoin d'acheter
etc... Il y aussi la survie par la respiration. Le
bébé respire la vie...
L'argent pour vivre est un autre
exemple issu de l'instinct de survie.
2 Les différentes
sortes d'images.
Les pulsions ne seront contrôlées par les images extérieures visuelles,
acoustiques ou motrices
etc. que progressivement et dans le temps
après la naissance et ne feront leur synthèse qu'à
l'âge adulte avec la sexualité.
Tout comme pour les pulsions, il existe 5 ou 6 sortes
d'images qui servent au miroir du cerveau pour faire
toutes sortes de synthèses.
L'image cénesthésique est l'image de base issue de
l'Adn.
La conformité des pulsions aux schèmes
de l'Adn produit un bien
être cénesthésique au fœtus (ou son contraire dans le cas d'une
non conformité) . Elles
satisfont aussi la mère en grossesse (probablement par
un jeu d'hormones). Le fœtus est nourri, logé et blanchi
gratuitement. Puisque tout est automatique, il est
tout puissant. L'instinct de survie de l'espèce lui
confère l'éternité et cela lui convient.
L'image issue de ce bien être du fœtus est imprimée
dans le cerveau et elle y forme l'image
cénesthésique. Il y a l'image
que la cénesthésie
(= la douceur, la tendresse, tout ce qui est
chaleureux, le bien être de la peau, les caresses...)
fait naître dans le cerveau.
Les images de base
et fondamentales sont les
images cénesthésiques que donne déjà le
cocon. Elles se créent à partir de cette forme de bien
être premier du fœtus. Elles veulent être confirmées
par l'environnement. Le premier attachement (dont nous
avons parlé un peu plus haut) est issu de la
cénesthésie intérieure du fœtus et du bébé et
confirmée par la cénesthésie de quelqu'un d'extérieur
comme la mère ou le père. La cénesthésie jouera un
rôle fondamental dans l'évolution vers la sexualité.
La cénesthésie crée l'attachement.
Cette image cénesthésique crée un bon fond au
bébé. Plus tard le doudou (l'objet transitionnel de Winnicot ) traduira le jeu de miroir
entre la cénesthésie du fœtus et la
cénesthésie-réponse de la mère. Ainsi se cré un attachement (cénesthésique)
réciproque.
Cet attachement premier du bébé est un bon exemple de
l'instinct de survie produit par les pulsions de vie.
L'attachement commence avec le désir d'enfant,
l'enfant veut être désiré. Ce désir crée la
cénesthésie chez les parents et il deviendra la
première forme d'amour et d'attachement du bébé. Un
enfant abandonné à sa naissance cherchera sa mère ou
même son géniteur durant toute sa vie parce que
l'instinct de survie n'a pas trouvés les parents,
garants de sa survie, à sa naissance. Le premier
attachement n'a pas pu se faire et cela reste
enregistré dans la mémoire physique du cerveau (au
niveau du Ça) comme un manque de cénesthésie
originelle. Parfois longtemps après, les retrouvailles
avec un parent physiologique produisent un immense amour-attachement. L'état
amoureux procède d'une retrouvaille cénesthésique
analogue qui remplit un manque ou qui, simplement,
reproduit ce jeu de miroir cénesthésique originel. Le
lien qui lie si fortement deux jumeaux provient aussi de cet
enregistrement physique cénesthésique dans le cerveau.
Les fusions entre deux personnes inséparables,
(parfois sado-maso,) procèdent de ce même attachement
bloqué en une commune fusion.
Les manques, les vides et les addictions proviennent
d'une semblable absence d'attachement primaire.
L'addiction à l'alcool, par exemple, est une addiction
à l'eau de vie (= le liquide amniotique) et elle
concerne un manque intra-utérin qui n'a pas été comblé
après la naissance. Le besoin de fumer est un besoin
de respirer la vie comme à la naissance.
Tout cela correspond au fonctionnement primaire du Ça
qui est une espèce de Moi plus primaire au niveau des
pulsions et images primaires. Ce Ça
est déjà une synthèse entre pulsions et
images et il permet de les contrôler. Cette synthèse
se crée dans le miroir écran du cerveau.
Dans le cerveau il y a
l'image visuelle.
Avant de voir avec les yeux le cerveau a déjà des
images internes. Il en est de même pour les autres
images. C'est pour cela que le cerveau peut avoir ses
propres visions ou entendre ses propres voix. Comme
Jeanne d'Arc par exemple qui avait des visions et qui
entendait des voix internes venant de Dieu. Dieu est
alors le cerveau en tant que miroir (narcissisme
primaire du Ça).
Les premières images
visuelles sont
noires et blanches et transparentes dans le
miroir du cerveau. Dans les rêves, elles se traduisent
parfois par un tableau noir ou une page blanche du
cerveau. La page blanche des examens sur laquelle rien
n'est écrit! Les images
visuelles partent de la nuit noire (comme dans
la peur du noir des enfants) puis c'est la
lutte entre les forces de l'ombre et les forces de la
lumière comme dans les combats des Stars Wars ou comme déjà la lutte de
Lucifer, le dieu qui porte la lumière et qui s'est
révolté contre la Lumière c'est à dire le miroir de
notre cerveau. Lucifer sera refoulé dans les
ténèbres.
Dans ces ténèbres de la nuit noire arrivent les
petites lumières telles
de petites étoiles et la lune qui éclairent la nuit et qui chassent les peurs
comme ces petites lumières qu'on met dans les
chambres des enfants. Un jour ces petites étoiles
deviendront le Dieu soleil (comme chez les Incas ou
autres). Telle une auréole (de soleil), l’image visuelle va
revêtir le cerveau puis le visage puis le ventre
pour finalement former toute l'image du corps.
Toutes les religions astrologiques ont suivi cette
même évolution.
Avec l'évolution, la lumière deviendra l'Idéal du Moi, le
but final des images étant de créer puis d'intégrer l'Idéal d'un
chacun.
Avec l'évolution les noires pulsions
deviendront le Surmoi.
La peur du noir se transformera en peur des génies de
la nature (animisme). La peur du grand méchant loup au
fond des bois (=l'inconscient) en est une forme
évoluée. Heureusement que les trois petits cochons
n'en ont pas peur et ne se feront pas dévorer par ce
Surmoi encore animal! Leur
peur sera maîtrisée par le travail du troisième petit
cochon qui a acquis plus d'analité (de
puissance). C'est ainsi qu'un jour les images brutes deviendront le
simple Surmoi par
évolution.
Il y a l'image que crée
la motricité.
Un autre instinct est là dès la
naissance. L'instinct de survie met en marche
l'image motrice qui fait chercher le sein nourricier
au bébé.
Plus tard l'image motrice deviendra le besoin de
marcher. Cette image motrice brute se manifeste, par
exemple, par le besoin de déambuler des Alzheimer.
Elle assume l'agressivité et la puissance. L'animal
qui par à la chasse ou à la guerre.
Elle participe à la sexualité qui utilise toute une
synthèse d'images.
La motricité participe au langage de
la bouche puis à l'écriture par la main.
Il y a l'image que crée l'oreille.
L'image acoustique se chargera d'inventer le mot.
Puis avec les autres images, elle formera le langage.
le mot entendu est vue par
le cerveau puis mise en acte par l'image motrice de la
bouche ou la main.
*L'odorat aussi se crée une
certaine image du corps (plus ou moins refoulée).
*Les pulsions et les images sont d'abord
partielles puis globales. Elles formeront des
synthèses successives dans le miroir du cerveau puis
du visage et de la bouche (oralité) puis du ventre
(analité) et à la fin de la sexualité. Les images, de
leur coté, feront toutes sortes de synthèses entre
elles pour arriver à la pensée abstraite.
3 Dès le début les pulsions
ne veulent pas être séparées des images. Les
images se lient aux pulsions et évoluent en même
temps. Quelques exemples.
Tout au début, les premières pulsions du corps ne sont
pas contrôlées et elles vont dans tous les sens au
gré du corps et de l'environnement. Je dirais au gré
du vent et du temps... Les cris du bébé n'ont
d'abord pas de sens puis ils se lient à la faim par
exemple. On dit que ces pulsions et ces images sont
brutes parce qu'elles traduisent directement les pulsions de vie et les pulsions de mort. Déjà les pulsions brutes veulent être
liées à des images. Très rapidement le
cerveau réussit, par les jeux de miroir, à lier les images brutes aux
pulsions brutes.
Peut être que la maladie se crée des images à
ce niveau des pulsions brutes mais elle le fait à son
propre compte et elle a son propre sens. Les
psychosomaticiens ont appelé les pulsions brutes
séparées de leur image, la pensée opératoire parce que
ces pulsions sont brutes et agies sans fantasmes.
Elles suivent leur propre chemin non conforme à l'Adn.
Un bon exemple de
la liaison pulsions - images nous est donné lorsque
nous regardons un film
émouvant. Dans ces films, les images vont
se lier aux sentiments
de vie, d'amour ou de mort pour nous faire pleurer
ou être remplis de narcissisme. Souvent, les
sentiments sont, directement ou indirectement, issus
des pulsions de vie ou de mort. Quand on pleure de
joie par exemple. Mais plus tard, les sentiments
pourront aussi être contrôlés par de beaux
fantasmes...
Quand les pulsions
sont liées aux images, ça fonctionne bien
. C'est ce lien à l'image
qui donne déjà aux pulsions une structure Œdipienne
précoce. L'amour de la mère permet de gérer les
pulsions de vie et le père gère les pulsions de mort.
Ainsi le Ça assure un
équilibre harmonieux entre les pulsions de
vie et de mort.
Ce sont d'abord le ventre maternel et les parents qui suppléent aux limites et assurent
la protection et le contrôle du bon fonctionnement du
fœtus puis du bébé. Ainsi les pulsions et les images
brutes fonctionnent bien chez le fœtus et chez le
bébé. Une mère, par exemple, qui fantasme
bien pendant qu'elle allaite son bébé, l'apaise et
ses fantasmes remplace les fantasmes que le bébé ne
peut pas encore en faire. En l'absence de ces
fantasmes de la mère, le bébé peut éventuellement ne
pas se calmer.
Déliées, les pulsions
brutes provoquent des violences. C'est ainsi que lorsque le fœtus ou le
bébé ne sont pas protégés par l'environnement, les
pulsions brutes et les images brutes deviennent plus
ou moins violentes, voire auto
destructrices. Le film Scream se situe à ce niveau où
les pulsions brutes sont séparées de leurs images et
produisent la violence. Lorsque
l'environnement ne donne pas d'amour, de tendresse, de
satisfaction au fœtus puis au bébé, les pulsions ne
peuvent pas se lier aux images. Dans le film
l'Aviator (=Howard Hughes), on voit ce genre de
pulsions brutes se transformer en rumination
obsessionnelle en liens avec des images de feu
délirantes. Les pulsions non liées peuvent devenir
destructrices sous toutes sortes de formes.
Autres exemples, le
marasme ou le suicide ou d'autres encore,
tiennent de là leurs origines parce que les pulsions
ne trouvent pas les images nécessaires ( ou ils trouvent des images de
régression). Le suicide annule toujours un fantasme de
naissance ou met en acte un retour dans le ventre de
la mère. La corde de la pendaison, par exemple,
équivaut à un mauvais cordon ombilical qui entoure le
cou. La noyade volontaire équivaut à un retour dans le
liquide amniotique du ventre de la mère.
A la vieillesse,
(surtout pendant la nuit vers 2-3heures), beaucoup de
personnes âgées sont dominées par les pulsions brutes
(et éventuellement par les pensées de mort)
parce qu'elles n'ont plus assez de narcissisme pour donner des
images à ces pulsions. Le miroir ne brille plus assez.
De toute façon, à la vieillesse et
vers la fin de la vie, les pulsions de mort auront
gain de cause.
Par ailleurs, c'est lorsque les
pulsions sont séparées des images que se passeront les mises en acte parce
que les pulsions ne sont pas contrôlées par les
images et les pulsions sont libres de se décharger.
L'étape des images délirantes. Le plaisir de
délirer.
Après les images brutes, un peu plus tard dans son
évolution, le cerveau sait produire des images internes (de
sa création) aux pulsions internes. Ces images sont
encore plus ou moins délirantes.
Les terreurs ou les
monstres nocturnes des petits enfants en sont
de petits exemples positifs. L'enfant voit des images
qui n'existent pas dans la réalité extérieure. Le
délire montre que ces
images sont des créations intérieures du cerveau. Ce
genre d'images délirantes nous montre que le cerveau peut se créer par
lui-même des images qui ont un sens pour
l'intérieur mais qui n'ont pas encore de sens pour
l'extérieur. Il existe une usine à images intérieures,
une imagination créatrice intérieure au cerveau. Les artistes puisent souvent leur
expression à ce niveau où les images viennent de
l'intérieur. Les artistes mettent des images
sur des pulsions qui n'en ont pas.
A l'inverse, le manque d'images
( cénesthésiques surtout
c'est à dire, l'absence de l'attachement premier des
parents)) et le vide
peuvent créer diverses formes de régressions et
d'auto-destructions. La
cocaïne donne des images de délire aux
personnes en manque d'images et en incapacité d'avoir
du narcissisme dans leur miroir du cerveau. La cocaïne
est un substitut au manque d'images. L'alcool remplit
un vide et produit des images de délire qui déchargent
les tensions intérieures....
Les délires des adultes sont des
survivances de ces images qui viennent de
l'intérieur et qui ont un sens intérieur mais pas de
sens extérieur pour l'environnement.
Notons que cette liaison délirante aux pulsions
est déjà un progrès : à titre d'exemple, chez les
adultes, ces images
délirantes peuvent protéger contre les pulsions
brutes dites autodestructrices.
Elles protègent, par exemple, contre le suicide. Au
lieu de se suicider certaines personnes préfèrent
décompenser et délirer.
4 Progressivement les images délirantes
prennent de plus
en plus de sens et deviennent des fantasmes.
Dans leur évolution, les images donnent de plus en
plus de sens et de
structure aux images internes. De moins en
moins délirantes
et elles deviennent des
fantasmes. Cela
ressemble un peu aux scènes de
cinéma dont les morceaux (scène) de film prennent un
sens et une logique globale qui sont alors compris
par le Préconscient. Les fantasmes sont des images encore
internes mais mieux structuré par l'extérieur que
les images antérieures délirantes. Le rêve par
exemple donne davantage de sens aux images et il
structure les désordres du délire. Le rêve utilise une
structure, un schéma interne ainsi que des images
enregistrées dans les
mémoires passées pour organiser et ranger
les tensions et les images qui lui sont venues de
l'environnement extérieur le jour avant le rêve.
C'est à ce niveau ( Préconscient) que se
situent les fantasmes. Ils perfectionnent
considérablement le système de délire antérieur.
Ils structurent les phrases des rêves. Ils
sous-tendent le jeu des enfants jusque vers dix ans.
Le dessin libre et
le vrai jeu d'enfant
sont organisés par des fantasmes de vie ( la naissance), de
sexualité (l'amour) ou de mort (l’agressivité). Les
dessins et les jeux d'enfant sous-tendent un double
sens : un sens interne (= le fantasme) et un sens de
la réalité externe. Le sens interne sera refoulé vers
dix ans et ne sera plus prédominant.
Le premier dessin, par exemple, commence par une
décharge nerveuse qui devient d'abord un gribouillis
sans sens (un peu délirant) et qui résulte des
tensions nerveuses motrices qui passent par la main.
Puis ce gribouillis prend un sens interne qui peut
être une peur inscrite dans la mémoire interne. Par
évolution de la
cénesthésie, ce sens interne sera traduit en
symboles sexuels faits de ronds et de bâtonnets. Par
évolution et par comparaison avec l'extérieur deux
ronds (les yeux) et deux traits (le nez et la bouche)
formeront un visage qui est celui de quelqu'un d'autre puis le
sien.
Grâce à la symbolisation, l'enfant pourra
traduire en dessin des fantasmes de naissance,
de sexualité et de mort. Cette symbolisation restera
progressivement dans le Préconscient et sera remplacée vers
l'âge de dix ans par davantage de réalité extérieure et par plus
de choses du Conscient. Le
dessin reproduira une maison réelle sans fantasmes
de ce qui se passe dans la chambre des
parents par exemple tandis que les volets fermés ne
symboliseront plus les yeux fermés au niveau du Cs.
Ainsi l'enfant se construit petit à petit les
différents étages séparés entre le Ca, le Soi et le Moi., entre
l'Ics, le Pcs et le Cs. Aussi entre le virtuel et le
réel. Mais tout le monden'acquiert
pas ces séparations protectrices. Les artistes par
exemple, peuvent être directement en lien avec leur
inconscient et leur tableau représente directement
leurs pulsions brutes ou leur délire interne.
5 A la fin, la réalité
extérieure prédomine.
Durant toute leur évolution,
les images internes seront confirmées par
l'environnement. Dans le miroir du cerveau, il y a continuellement une interaction
entre l'intérieur et
l'environnement
extérieur. Et c'est ainsi que la réalité prendra le
dessus. L'exemple du sourire de l'enfant
décrit par R. Spitz) nous montre comment à ce niveau (dans un bon
environnement de cénesthésie) le bébé fait la synthèse
des yeux (image visuelle, de l'oreille (image
auditive) et la bouche(image motrice) de sa mère. Il y
répond par un sourire ce qui montre qu'il a fait
l'unité par la cénesthésie de l'image du visage de sa
mère en même temps que son unité intérieure. Le Ça
extérieur du bébé est devenu Soi. D'ailleurs c'est de
même manière que se fera l'unité de l'image de tout
son corps ou, si l'on préfère, de son identité. Il
fera de même la synthèse de toute l'image de son corps
et d'autres jeux d'identité.
Dans une étape plus évoluée encore, la pensée
consciente structure les images et permettra au Moi
de leur donner de la logique et du raisonnement et
de l'intelligence... Chez l'enfant le Ca deviendra
progressivement le il, le tu, le Moi etc..
Le mot résulte d'un jeu entre la bouche de la mère
et l'oreille du bébé. La synthèse entre les deux
devient le langage. Par exemple, le cri d'abord sans
sens, prend du sens interne par la faim à laquelle,
en réponse externe, la mère répond par le sein. La
succion du sein devient le "m" chez le bébé. A ce
"m" s'ajoutera le "a" guttural de l'enfant qui avale
et les deux deviendront "mam mam"
puis maman. Plus tard maman deviendra "aime" et
ainsi ces mots deviendront une phrase. C'est ainsi
aussi que les images partent du corps jusqu’à
devenir plus abstraites et ainsi plus adaptable à la
réalité. Dans cette histoire le rôle du père
sert à filtrer et à protéger positivement de la
réalité extérieure.
Idéal et Surmoi.
L'Idéalisation
consiste à donner une image aux pulsions ou à un objet
et ce sont les images qui leurs donnent du
narcissisme.
Cela se passe à plusieurs niveaux.
Le cerveau lui
même se revêt de narcissisme tel un dieu tout puissant
ou comme le montre les auréoles qui revêtent la tête
avec un soleil de narcissisme.
De même quand bébé tête le
sein de sa mère qui fantasme ou quand la mère lui
chante des berceuses, il apprend à fantasmer lui-même
en rêvassant. Par l'oralité le bébé assure sa survie par le
lait du sein et il met en lui la cénesthésie de la mère en
même temps que l'érotisme du sein. Le sourire
donne du narcissisme oral au bébé.
L'analité fait la synthèse ente le
narcissisme et l'analité. Chez les Incas le Soleil
revêt la toute puissance du roi-soleil. Dans l'usage
de la monnaie, on voit bien que le narcissisme revêt
la valeur des choses (= analité). Souvent l’effigie
narcissique figure sur la pièce en or. Dans ce cas
c'est le narcissisme qui revêt l'analité (les
excréments) pour la transformer en valeur ( la valeur 10 sur le
narcissisme en or d'une pièce ronde. Normalement il
n'y a pas de décalage entre le narcissisme et la
valeur réelle, le travail notamment a sa juste valeur,
le juste salaire. Quand une personne se donne soit une
valeur soit un narcissisme exagéré, il y a une
surestimation et le rapport narcissisme-analité
est faussé.
L'argent pour vivre est aussi un système anal de
survie.
L'analité régit aussi les systèmes manque-vide-plein de
narcissisme ou de valeur et leur contrôle actif ou
passif.
C'est la sexualité
qui fait la synthèse des synthèses et l'idéalisation
et les pulsions prennent leur juste place. Le corps et
son image sont satisfaits. La sexualité est une
évolution de l'instinct et des pulsions de vie. A
l'origine il y a la cénesthésie puis l'érotisme du
sein puis la puissance anale puis la synthèse des
pulsions de vie avec les images et le narcissisme du
corps tout entier.
*Le Surmoi suit les mêmes étapes
que les images dont il fixe les limites et les
interdits. Il gère et organise les pulsions
instinctuelles, orales, anales et
il est intégré par la synthèse sexuelle.
*L’Idéal et le Surmoi ensemble construisent le Ça, le
Soi et le Moi.*Dans tous
les cas, les images peuvent suivre leur chemin tout
seul sans lien à la réalité comme dans les idéologies
et autres sur-idéalisations.
Dans les mégalomanies, ce sont les systèmes
pulsionnels (et de valeurs) qui sont amplifiées (et la
toute puissance du foetus est encore là)...
UN EXEMPLE DE FANTASME DE
VIOLENCE AU CINEMA, À LA TÉLÉ ET DANS LES JEUX VIDEO
: SCREAM.
Un film accusé de causer
la violence.
Plusieurs fois, ce film a été accusé d'être à
l'origine de mises en acte criminelles. Les journaux
ont rapporté comment, après avoir vu le film, un
jeune homme a tué ses parents parce qu'ils ont
divorcé, le Père ayant une maîtresse. Le fantasme
mis en jeu ressemble à celui du film et l'incapacité
de fantasmer du jeune homme a provoqué la même mise
en acte que dans Scream. Avec ou sans Scream, cela
eut été pareil. Une autre fois, un lycéen, après
avoir regardé le film, s'est déguisé en revenant
avec le même masque de Scream que le tueur du film
et il a poignardé une camarade de classe. La
situation familiale de ce lycéen était, elle aussi,
du même ordre fantasmatique que celle du film. Dans
les deux cas, on s'est rapidement aperçu que les
deux jeunes gens, d'une part, mélangeaient fantasmes
et réalité et que, d'autre part, ils avaient préparé
leur acte bien avant d'avoir vu Scream et que tous
les deux avaient en eux un besoin d'évacuer leurs
propres pensées de suicide.
A la même époque, les infos télévisuelles parlaient
de la nécessité de censurer les films d'horreurs. La
même chaîne enchaînait ses injonctions par des
séquences qui montraient, dans le détail, des images
de tortionnaires qui coupaient la tête de leurs
ennemis en prenant un plaisir sadique à les achever.
Ainsi la même émission condamnait la violence des
fantasmes et montrait sans scrupules la violence
dans sa plus cruelle dimension de réalité.
La grande leçon de Scream c'est qu'il faut bien
faire la différence entre le virtuel et le réel. Le
film est fait d'images mises en scène (en film)
et non mises en acte et qu'il y a là une
différence du tout au tout. Dans le film lui-même le
meurtrier explique à sa victime que le modèle
virtuel de son fantasme est le film Halloween qu'il
avait vu, et qu'il faut rester dans la virtualité
des films d'horreur. Avant chaque crime, le criminel
rappelle à ses victimes les règles qui régissent les
fantasmes des films d’horreur sans quoi ils
deviennent réalité, sans quoi ils sont mis en acte
par leur mise à mort... Cela signifie aussi que le
spectateur du film ne doit pas, non plus, confondre
le film avec la réalité.
Notons ici que parfois la télé fait l'inverse : la
réalité, comme l'attaque des tours du Trade center
de New York par exemple, devient virtuelle comme si
la réalité était un film, un fantasme. En un mot :
le virtuel peut devenir réalité et la réalité peut
devenir virtuelle ou les deux peuvent se superposer.
Tout cela montre que d'une manière générale, le
fantasme assume les pulsions brutes pour que ces
dernières ne soient mises en acte. C'est
l'incapacité de fantasmer qui conduit au suicide.
Les pensées de suicide peuvent être projetées à
l'extérieur sur quelqu'un d'autre et deviennent
alors un crime. Ce phénomène de projection peut être
cristallisé par l'adolescence
lorsque l'adolescent ou une bande
d'adolescent ne trouvent pas leur place dans la
société. West-Side
Story est un tel exemple.
A propos du masque...
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Scream le mort-vivant
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Il existe beaucoup de masques de
morts-vivants : les moulages de morts chez
les grecs, les masques d'ancêtres en
Afrique, les masques des Incas, les
fantômes. ........
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......
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Une variété de
masques de morts-vivants est constituée par
les masques de Halloween.
Ils représentent des fœtus mort-nés (et autres
interruptions de grossesse) dont la grossesse
est symbolisée par la citrouille. Ces masques
(d’origine Irlandaise) sont particulièrement
négatifs. Rappelons que le film "Halloween" a
servi de modèle au film "Scream".
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SCREAM met en image et en
scène, une pulsions de
meurtre de la Mère, du Père et du Fils.
Thème du film.
Wes Craven s'est servi du film Scream (Le Cri)
pour projeter à l'écran les propres pulsions
sadiques de l'écrivain K. Williamson. Ils sont faits
à la fois de sexualité (de jouissance) et
d'agressivité (de mort) parce que ses pulsions
brutes étaient en manque d'images. Dans cette
projection sur l'écran, le meurtrier se déguise en Halloween et en Ghostface
c'est-à-dire en foetus
et en revenant-mort-vivant.
Il tue d'abord la mauvaise mère, l'amante de son
père à cause de laquelle sa mère a abandonné son
mari et son fils. Puis il tue ses mauvaises images
paternelles. Par un enchaînement logique, il
assassine aussi tous ses propres doubles de jeunes
couples de son âge. A la fin, il est tué lui-même en
même temps que son ami qui est aussi son double.
L'exemple de Scream
Parmi les films d'horreur, Scream est certainement
celui qui a subi le plus d'attaques pour sa
violence. Il est en effet difficile de supporter
sa dimension œdipienne négative. Scream
décrit, en effet, un Œdipe inversé et perverti.
A l'intérieur même du film (comme en un double
miroir), le tueur accomplit ses meurtres par une
mise en acte qui doit obligatoirement se dérouler
en conformité à deux fantasmes précis.
Dans son premier fantasme, le tueur pense qu'il a
été détruit dans le ventre de sa mère. Le tueur se
déguise avec un masque de
Halloween. La citrouille (= gros ventre
maternel) se superpose à une tête de mort. En
Irlande, Halloween symbolise des revenants et des
bébés morts qui reviennent pour se venger. Ce
masque montre que le meurtrier s'identifie à un
mauvais fœtus dans un mauvais ventre maternel.
Avec une logique implacable le meurtrier projette
son fantasme de naissance destructeur et inversé
sur ses victimes. Deux de ses victimes sont
éventrées et pendues par une corde, comme fantasme
de mauvais ventre maternel et de mauvais cordon
ombilical.
Le deuxième fantasme central du film est une
tentative pour le tueur de se débarrasser de ses
idées de suicide. Le suicide a pour origine le
fait qu'un certain Oedipe primitif n'a pas pu se
mettre en place à la naissance. Ainsi les pulsions
de vie et de mort restent brutes. Ce genre de
pulsions ne sont liées à aucune image maternelle
ou paternelle et se retourne ainsi contre soi (ou
plutôt contre le Ça ).
Ce fonctionnement primaire est cristallisé et
réactivité par le fait que le meurtrier n'avait
pas supporté l'amour adultère qui avait conduit
ses parents à divorcer. Le fantasme œdipien se
retourne sur lui-même. Il transforme ses désirs de
suicide en un fantasme de meurtre par lequel il
tue la maîtresse de son père. C'est une mauvaise mère-amante qui est tuée
par un fils incapable d'intégrer que le Père
couche avec une autre femme. Tout le film se
décline et s'enchaîne à partir de ce meurtre de la
mauvaise mère et entraîne
la destruction de l'image paternelle. A
la fin cela fait revenir en lui la pensée de mort
dans un mauvais ventre maternel (le suicide).
Ainsi toutes les images symboliques sont détruite:le Père, la Mère
et le Fils lui-même.
L'objectif final du meurtrier
aurait pu être d'arriver au meurtre symbolique du
Père. Ce film aurait pu exprimer un fantasme œdipien
inversé dans lequel on aurait pu voir l'effort du
meurtrier pour se débarrasser de ses fantasmes
pervers afin de rétablir une situation œdipienne.
Malheureusement, il n'arrivera pas à commettre le
meurtre fantasmatique du Père et c'est le Fils qui
va mourir à sa place (comme le Christ est mort à
la place du Père). L'adolescent sera tué par une
femme journaliste, figure symbolique à la fois de
la mauvaise mère et de l'amante tandis que le
journalisme symbolise le processus d'autoanalyse
qui se retourne contre lui-même.
D'un point de vue psychanalytique, Scream est un
bon film œdipien. Il n'y a aucune erreur dans le
déroulement et l'enchaînement psychologique du
film.
Ce qui est frappant, c'est que les adolescents qui
regardent ce film comprennent, sans le savoir, ces
jeux des fantasmes tandis que la plupart des
adultes ne peuvent lire ce film qu'en surface,
dans une logique raisonnée ou pire dans la vision
d'images superficielles faites de sang et d'images
de morts qu'ils prennent pour vraies.
D'une manière
générale le film de Scream et ces événements nous
posent plusieurs questions :
- Qu'est-ce-que la violence ?
Pourquoi se déclenche-t-elle ?
- Qu'est-ce que le fantasme ?
A quoi sert-il ?
- Qu'est-ce-que la mise en acte ?
LA VIOLENCE
DÉFINITION
Avec l'évolution le Ça devient le Soi puis le Moi. Le Moi sera le
gouvernement central qui gère l'ensemble de l'appareil
psy. Il n'existe pas d'emblée, mais se construit petit
à petit jusqu'à la fin de l'adolescence (et après).
Certaines personnes n'acquièrent pas un Moi assez fort
pour maîtriser les pulsions et organiser les images.
La violence se déclenche dans le Ça, lorsque le Moi se
sent trop faible pour assumer les images ou les
pulsions qu'on lui demande de gérer.
La violence se définit comme une pénétration, comme un viol avec effraction du Moi,
par une quantité insupportable de pulsions ou
d'images. La défense consiste alors à régresser au Soi
puis au Ça. L'origine de toute violence réside dans la
peur de n'avoir plus
le droit d'exister, de n'avoir plus le droit à
l'identité ou de n'avoir plus le droit de vivre.
L'instinct de survie est directement touché. Le Moi
trop faible ne peut ni contrôler ni maîtriser cette
invasion, il a peur d'être débordé, il se sent menacé
dans son existence et il devient violent par une
régression aux instincts de survie et aux pulsions
brutes. Lorsqu'il ne sait pas quoi faire avec son
énergie et, dès que l'agressivité s'accumule, ou bien
il la projette sur les autres ou bien il explose ou
implose lui-même ! Les personnes qui ne peuvent
évacuer cette violence la transforment en destruction.
Le suicide, le crime, le viol, la guerre sont autant
de tentatives du Moi pour se débarrasser de la
violence et de l'agressivité.
Dans Scream, le meurtrier ne pouvait plus
vivre sans sa mère. Sans ses parents, il se sentait
impuissant et déstructuré devant la vie. Il était
obligé de projeter sur les autres ce qui menaçait de
le détruire lui-même. Il projetait son suicide sur les
persécuteurs, sur les coupables présumés de son
malheur.
Un retour aux pulsions
brutes. Différence avec la régression sexuelle.
L'animal humain
a conservé en lui l'instinct animal. Lorsqu'il part à l'attaque
d'une proie, l'animal utilise l'excitation brute en
même temps que l'agressivité brute. Lorsqu'il se
sent menacé par un grand danger,
il y répond par l'agressivité brute, sans
images.
Il y a différentes sortes de
régressions. Il y a par exemple le viol et la vraie
sexualité. Le viol produit une régression aux
pulsions brutes sans images. Le viol brule et court-circuite
toutes les étapes du Moi au Ça. Quand le Ça prend le
dessus sans contrôle par les images, c'est
l'instinct animal ou les pulsions de mort qui
prennent le dessus. Dans la bonne sexualité, le
couple descend du Cs, à travers le Pcs jusqu'au Ça,
jusque dans le corps animal du coté des pulsions de
vie. Le bon narcissisme brut (comme celui du foetus)
fait alors sa synthèse avec les pulsions brutes.
Dans la sexualité, les fantasmes et le narcissisme
rendent les pulsions et l'image du corps positives.
Le suicide est est une régression des
fantasmes jusqu'aux pulsions brutes sans images.
Toute régression vers le suicide provoque, à un
moment, un remplacement des images des pulsions de vie
par des images de destructions et de mort. Tout suicide
superpose un fantasme de naissance avec un fantasme de
mort. Alors le fantasme de la naissance (c'est à
dire la manière dont la personne a inscrit sa propre
naissance dans son imaginaire) s'inverse en un désir
de retour symbolique dans le ventre maternel jusqu'au
néant d'où on est venu. Le suicide est une histoire de
fœtus-mort-vivant ou de
fantôme de morts (Ghostface). Les personnes
suicidaires fonctionnent sur le mode des
morts-vivants. Leurs pensées de mort ou celle d'un
fœtus avant eux, ou encore celle d'un deuil non résolu
d'un de leurs ancêtres, se superposent avec leur
naissance. Leurs fantasmes de mort
deviennent ainsi un fantasme de retour et un
désir de régression dans un ventre maternel
destructeur. Ils redeviennent un fœtus qui retourne
d'où il est venu avec toute l'autodestruction que cela
comporte. La régression annule alors la mutation qu'a
effectuée la naissance entre le foetus et le bébé et
les pulsions deviennent alors brutes et séparées des
images de fantasmes.
Dans cette régression, il faut passer plusieurs
barrages qui interdisent ce retour en arrière. Un des
derniers niveaux régressifs enclenche dans
l'Inconscient les processus de mise en acte du
suicide. Une dernière défense consiste alors à
projeter sa propre autodestruction sur les autres, sur
le monde extérieur. L'autosuicide
devient alors un désir de crime. Le fantasme
précis qui aurait présidé au suicide sera alors
fidèlement reproduit dans le crime par projection du
suicide sur d'autres personnes sous la forme du
meurtre. Le meurtrier au lieu de se suicider préfère
suicider les autres. A la fin, ces actes peuvent se
retourner contre leur auteur.
Ce sont tous ces processus qui
déroulent leur logique dans le film "Scream".
CE SONT LES PERSONNES QUI
NE PEUVENT PAS FANTASMER QUI DEVIENNENT VIOLENTES...
Ce sont les fantasmes qui
transforment la violence en images.
Il y a une corrélation qui veut que moins l'enfant
apprend à fantasmer, plus il sera violent. Plus les
fantasmes sont pauvres, moins la violence est assumée.
L'absence d'images fantasmées forme un « trou
noir » insupportable et, dès lors, l'agressivité
qui s'accumule devient violence. Le moyen normal et
obligé pour transformer l'utile agressivité
fondamentale consiste à la transformer en images (les
psychanalystes disent en narcissisme positif pour le
Moi). L'agressivité peut aussi être transformée par le
travail. Elle peut être transformée en sexualité. Mais
le passage obligé consiste pour le Moi à la
transformer en fantasmes. La richesse des images
permet au narcissisme d'absorber la violence et il en
résulte le plaisir. C'est ce narcissisme qui permet au
Moi de vivre une vie positive. C'est, par exemple, en
fantasmant de belles images de femmes que certains
hommes peuvent assumer la grande quantité de pulsions
nécessaires à l'acte d'amour. Et réciproquement pour
certaines femmes.
Le fantasme résulte de la
capacité de symboliser.
Le Moi ne peut gérer et organiser les pulsions qu'en
les transformant en images, en symboles. Les fantasmes
donnent ainsi un sens aux pulsions, les fantasmes
donnent du sens à l'Inconscient. C'est le rôle du rêve
ou du jeu. Rêver ou fantasmer, c'est un peu la même
chose sauf que le fantasme forme la partie
symbolisée du rêve. Le fantasme a également un
rôle diurne dans l'imagination qui préside, entre
autres, aux dessins et aux jeux de l'enfant. Le cinéma
joue ce même rôle de transformer les pulsions
et les sentiments en images et en fantasmes.
Le film de Scream a été créé par son auteur par suite
de son besoin de gérer ses pulsions intérieures. Le
film remplace les fantasmes qu'il n'était pas capable
de fantasmer dans sa tête. Sa violence est
transformée en images et projetée sur la pellicule
qui dès lors peut l'assumer. Les spectateurs du film
profitent (pour leur plus grand plaisir) du travail de
transformation des pulsions en fantasmes que l'auteur
a effectué à leur place... Van Gogh projetait
pareillement ses pulsions sur la toile de ses
peintures. Il n'y a pas d'art ou de travail ou de
sexualité sans ce processus !
COMMENT LES FANTASMES
EVOLUENT JUSQU'A L'ADOLESCENCE
Le sens de la vie est
oedipien dès le début de la vie.
On pourrait dire que le sens de la vie est issu de
l'instinct groupal de survie. Il donne un sens aux
pulsions de mort et aux pulsions de vie. Dès le début ces pulsions ont un
sens œdipien : L'Adn puis les images liées
aux pulsions brutes puis les images "délirantes ont
déjà ce sens de la survie et de strugel for live contre la
mort. Puis dès la naissance ( la sexualité, l'amour) gèrera les pulsions de vie
tandis que les pulsions de mort s'exprimeront par
l'utile agressivité et toutes sortes de puissances. Tu
aimeras pour reproduire la race, tu tueras pour être
plus fort que la mort et faire vivre la race...
Le rêve se crée petit à
petit.
Après l'évolution des images primaires, le bébé
apprend à rêver petit à petit. Ce n'est pas
acquis d'avance. Il rêve d'abord d'ombre et de
lumière. Cette forme de rêve instaure le système
binaire. Ce rêve rudimentaire peut être comparé à la
consonne et à la voyelle. Puis le rêve se perfectionne
et devient un « mot de rêve ». Vers dix-huit
mois, l'enfant sait faire une « phrase de
rêve ». Plus tard le rêve devient une histoire
complète. Les fantasmes sont (tout comme le rêve) liés
à l'âge et l'on peut dire qu'il y a des fantasmes
spécifiques à tous les âges de l'enfance et de
l'adolescence et plus tard. Les histoires que rêve
l'enfant évolueront selon une trame bien définie
jusqu'à la fin de l'adolescence avant d'être
libérées pour toutes sortes de sens.
Jusqu'à dix ans, l'enfant
apprend à symboliser.
D'une part, les fantasmes de délire puis de monstres
permettent de maitriser
les pulsions de mort
et, longtemps après, d'intégrer l'analité.
Les images brutes internes
qui correspondent aux pulsions brutes sont petit à
petit apprivoisées. L'enfant apprendra à
fantasmer toutes sortes de monstres,t
toutes sortes de vampires, de dragons et autres
dinosaures. Tous ces animaux fantasmés
se transformeront un jour en animaux de sa
ferme et les pulsions brutes sont ainsi
apprivoisées. Le train de la vie et les autres camions
de ses jouets qui conduiront l'enfant dans sa vie,
seront des symboles encore plus puissants.
Après les images brutes, l'enfant s'invente des
sorcières et des fées, des fantômes et des halloween, toutes ces
images des morts qui deviendront les ancêtres morts.
Ces images permettront d'intégrer les images de morts
et de toutes sortes de peurs. Grâce à ces fantasmes,
l'enfant devient, vers 14 ans seulement, capable de
faire un deuil. Ces fantasmes lui apprendront aussi à
n'avoir pas peur de ces images et de ces pulsions
négatives qui concernent l'agressivité, la destruction
et la mort. Il construit ainsi sa puissance.
Finalement, à l'adolescence, ces représentations lui
permettront d'intégrer le jeu de la vie et de la mort,
le jeu du narcissisme et des pulsions.
D'autre part, les fantasmes sont au service des pulsions de vie.
La sexualité a pour
modèle la naissance. L'enfant a tôt la notion de
foetus et de vie intra-utérine puis il apprend à
rêver sur tous les modes et sur tous les tons qu'il
quitte le cocon maternel et qu'il passe par un
passage pour aller prendre sa place au soleil.
L'enfant n'a conscience qu'il existe qu'à partir de
ce moment-là. Il construira son Ca, son Soi et son
Moi et autres mutations initiatiques, à partir de ce
modèle! Les fantasmes des
origines (de grossesse, d'accouchement ou de
naissance) sont au service des pulsions de vie.
A ces fantasmes originaires correspondent
les innombrables mythes originaires comme notre bonne
vieille histoire d'Adam et d'Eve.
Les fantasmes des
parents qui font l'amour (la scène primitive)
feront une synthèse entre les pulsions de vie et
les pulsions de mort .
Par l'adn et les pulsions primaires
les images donnent déjà du sens aux
pulsions de vie et de mor.
Aux fantasmes de grossesse-accouchement-naissance
s'ajouteront les rêves de scènes des parents
qui font l'amour. Il a besoin de rêver ses origines
et qu'il est né de l'amour de ses parents pour
intégrer les deux versants des pulsions de vie et
des pulsions de mort. Mais ce n'est que par la scène
parentale des parents qui font l'amour
que viendra la synthèse dite Oedipienne. Le
fantasme directeur de l'enfance et de l'adolescence
est constitué par la scène dite parentale des
parents qui font l'amour pour donner naissance à
l'enfant. L'enfant apprend petit à petit à fantasmer
que les parents font l'amour. L'enfant
a une idée floue de cette scène dès l'âge de
dix-huit mois.
Cette scène parentale ne prend une forme plus
Œdipienne que vers six ans. Vers six ans,
ces deux fantasmes de scène parentale et d'enfantement
feront une première synthèse des fantasmes œdipiens
par lesquels le garçon voudra un jour s'attacher aux
femmes en faisant comme le Père (et la fille
inversement). Les petites voitures « qui se
rentrent dedans » ou « se font des
accidents » dans le jeu de l'enfant symboliseront
déjà cette scène parentale mais l'enfant n'ajoutera le sexe aux
dessins du bonhomme (qui le représente lui-même) que
vers 6 ans.
La naissance, le sexe et la mort, voilà le vrai
enjeu des fantasmes!
Les fantasmes sont
intégrés dans le préconscient.
Vers dix ans, le fantasme disparaît des dessins et
du jeu de l'enfant et il est intégré dans le
Préconscient. Cela veut dire que le fantasme a lieu
sans que l'on s'en rende compte consciemment. Il
sert désormais à la richesse de l'imagination et au
plaisir sous toutes ses formes. Il agit un peu à la
manière dont la grammaire sous-tend le langage sans
même que l'on s'en rende compte et le plaisir est
sous-jacent à son travail. Par contre, l'enfant qui
n'intègre pas les fantasmes dans son inconscient
sera un enfant absent de sa classe, il est comme
vide... Lorsque ce vide, ce manque de fantasme est
trop important, il conduit aux addictions comme la
drogue ou autres...
Vers 14 ans : la puberté et
les deuils.
Vers 10-11
ans la sexualité s'installe dans le corps. Les
fantasmes sont spécifiques à cette arrivée des
pulsions sexuelles et des menstrues-pulsions
de mort. Ce n'est que vers 14 ans que
le jeune commence à être capable de faire un deuil
ou de maitriser les
pulsions de mort. Le sexe et la mort vont se
délier.
Les mythes.
À l'adolescence aussi, les fantasmes
deviennent des fantasmes socialisés qui
prennent la forme des mythes et des rites de
passages initiatiques comme, par exemple,
l'histoire de Moïse et de son passage par la mer
Rouge. La rupture des eaux et la fin du monde passé
(intra-utérin) président à ce récit. Ce fantasme de
passage initiatique est même devenu un mythe,
c'est-à-dire un fantasme dans lequel se retrouve
toute une société. Ce fantasme-mythe
préside au passage des adolescents vers la vie
sociale. Notons, en passant, que ce passage de la mer
Rouge aurait pu être un film d'une grande violence
puisque la mer est remplie de sang et qu'il y a plein
de morts. Des films comme « Le Titanic »et
sa rupture des eaux ou comme « West Side Story » sont des
mythologies contemporaines semblables à l'histoire de
Moïse. Ils sont, eux aussi, issu d'un fantasme de
naissance et d'adolescence!
L'adolescence et la
sexualité.
Notons, ici, que ce n'est qu'à l'adolescence que
l'Oedipe prendra une forme plus définitive.
L'adolescent intègre sur le plan de l'identité, l'idée
qu'il faut s'identifier aux parents, qu'il faut faire
comme les parents pour devenir soi-même père pour
faire l'amour avec une femme ou devenir soi-même
mère pour faire l'amour avec un garçon.
C'est la sexualité qui réalise la vraie synthèse
entre le narcissisme et les pulsions, entre les
fantasmes et les pulsions, entre la sexualité
virtuelle et réelle, entre l'image et le corps. Tous
les autres moyens ne sont que des substituts.
POURQUOI CERTAINS ENFANTS
N'APPRENNENT-ILS PAS A FANTASMER ?
Il y a mille et
une causes à l'absence de la capacité à fantasmer,
mais on peut les rapporter à quelques formes précises
de carences de la toute première enfance.
Le manque
d'images et de fantasmes est lié au manque de
cénesthésie.
La fonction et la capacité de fantasmer sont très
liées au bon contact de l'enfant avec la peau de sa
mère qui érotise très légèrement les images de son
enfant. Le père en donne les limites
et il apprend à en contrôler l'intensité. En
simplifiant, la mère assume plutot
les pulsions de vie et le père les pulsions de mort.
C'est lorsque les premiers rudiments de fantasmes ne
se mettent pas en place que l'enfant parle d'un
« trou noir » comme d'un manque ou
d'un vide psychologique. C'est le cas, par exemple de
ces petits enfants dont l'absence de contact avec les
parents est trop importante, soit que les parents sont
présents mais tout de même absents, soit que les
parents sont absents trop longtemps. C'est le
bien-être cénesthésique (= la qualité de la tendresse
et de la chaleur des parents pour leur enfant) qui
fait la qualité des fantasmes !
L'incapacité
de fantasmer la scène parentale.
Les bébés qui auront dormi dans la chambre des parents
et qui auront assisté de visu aux ébats amoureux des
parents auront beaucoup de difficultés à fantasmer la
scène parentale. Les petits enfants n'ayant pas encore
de sexualité mature, vivront cette scène originaire
comme quelque chose de très violent et ils ne pourront
pas la fantasmer.
Un cas extrême de ce genre de situation peut, entre
autres, conduire à la pornographie. La pornographie
plait aux hommes qui sont restés bloqués sur la scène
parentale. Pour les hommes, elle résulte souvent du
voyeurisme d'une scène parentale brute.
Souvent les femmes perverses préfèrent l'exhibition.
La pornographie est une perversion du fantasme de la
scène parentale. Une mère ou un père qui, par exemple,
excitent trop leur enfant en faisant l'amour en sa
présence ou en se promenant nus devant lui ou encore
par des attouchements sexuels réels, aboutiront au
fait que cet enfant ne pourra plus fantasmer ses
parents faisant l'amour : il y aurait confusion
entre réalité et fantasme et il pourrait en résulter
toutes sortes de perversions.
Le garçon devenu adulte remplacera le fantasme qu'il
ne peut faire dans sa tête par le film pornographique
ou même par des objets fétiches comme les chaînes ou
les fouets sado-maso. Il s'excitera avec ce genre de
films comme remplacement de ses fantasmes et comme si
les films étaient réels. Cela cache une certaine
souffrance, mais là encore il vaut mieux avoir des
images de substitution que rien du tout. La
pornographie canalise une masse énorme de violence.
L'équivalent féminin des pulsions brutes sans
narcissisme conduit certaines femmes à la prostitution.
Pour faire l'amour à une prostituée, l'homme n'a pas
besoin d'utiliser la séduction qui est un jeu de
fantasmes et de narcissisme. Il suffit de payer,
l'argent remplace le narcissisme...
L'enfant qui
n'a pas le droit d'être passif.
L'enfant qui n'a pas le droit d'être passif, n'apprend
pas à fantasmer et c'est la motricité qui supplée.
C'est notamment le cas des enfants qui vont trop tôt
dans le groupe et qui ne peuvent pas fantasmer
individuellement dans leur petit coin. L'enfant qui ne
sait pas fantasmer et plus spécialement l'enfant qui
ne sait pas jouer des jeux à fantasmes, peut
éventuellement devenir un enfant agité. Chez
l'adulte, la cigarette, entre autres, peut jouer le
même rôle : au lieu du fantasme, c'est la
motricité qui décharge une certaine tension.
L'absence de
symbolisation est à l'origine de la peur des images.
Il y a de nombreuses déviations de la fonction
fantasmatique. Chacune peut être plus ou moins grave.
Tout le monde connaît les phobies comme la
peur des araignées, des ascenseurs, de la
foule au supermarché ou de conduire les voitures.
Elles sont une peur inutile de certains fantasmes. La
peur de l'araignée n'est pas une peur de la petite
bête mais d'un fantasme qui fait de l'araignée un
symbole sexuel féminin et de sa toile un symbole de
l'excitation sexuelle qui envahit le réseau nerveux et
le cerveau. Certains enfants ont peur du loup
alors même qu'ils n'en n'ont jamais vus. La plupart des censeurs d'images
ont peurs de certains symboles ou fantasmes, alors ils
érigent en loi interdictrice leur propre peur.
Normalement l'enfant fait bien la différence entre une
image fantasmée et une image réelle et il n'a pas peur
du loup imaginaire ! Une image de mort dans
Scream n'est pas une image vraie comme celles des
infos télévisuelles qui montrent les morts vrais, la
violence réelle !
Il y a
beaucoup d'autres sortes de perversions des images
et des fantasmes.
D'autres formes de perversions des images nous sont
données par les sectes (et dans une moindre mesure par
les idéologies). Leurs membres utilisent des images,
des pensées ou du narcissisme extérieurs à eux, en
substitution à une incapacité de structurer les images
et les identités. Les fantasmes et les mythologies
sont alors donnés par des
groupes extérieurs ou par la société. Les
psychanalystes appellent cela la perversion de
l'Idéal.
LES MOYENS DE
REMPLACEMENTS DES FANTASMES
Les enfants ou
les adultes trop pauvres en fantasmes n'ont pas
d'autres solutions que de remplacer l'absence de
fantasme par toutes sortes de moyens. Ils
utilisent des moyens de substitution parce qu'il faut
acquérir des images à tout prix. Et il vaut mieux
acquérir des images violentes que pas du tout !
Chacun cherchera ses images selon ses besoins et là où
il les trouve. Plus les tensions sont violentes plus
les images de substitutions seront violentes. Seules
les images ont la capacité de transformer la violence
et même si elles sont violentes, elles donnent un sens
aux pulsions. On voit que remplacer l'absence de
fantasme par des images de films est un moyens très agréable et très
positif. C'est pourquoi, il faudrait inonder
d'images visuelles les endroits de violence.
Malheureusement il faut déjà un certain niveau de
symbolisation pour regarder des films ou pour jouer
des jeux vidéos ou pour
lire des romans.
A l'âge adulte, les personnes qui ne sont pas capables
d'entrer dans le monde des images sont souvent
obligées de remplacer cette carence de fantasmes
par la drogue ou par l'alcool ou par des délires
qui en créent ou encore par des idéologies. Les
drogués, par exemple, produisent des images par la
drogue et leur violence interne se calme. Les
alcooliques produisent un certain délire qui permet,
pendant un certain temps de lever les inhibitions et
d'évacuer les tensions. L'alcool calme les tensions en
donnant une multitude d'images pouvant aller jusqu'au
délire.
Le délire est le dernier recours dans
l'impossibilité d'avoir des images fantasmées. Le
délire est une production surabondante d'images
morcelées. Il est comme une usine à images qui éclate
parce que la personne ne sait pas structurer ses
fantasmes.
A QUOI SERVENT LES
FANTASMES ?
Deux exemples
permettront de comprendre plus facilement ce à quoi
servent les fantasmes.
Un petit garçon
avait perdu son père à trois ans. A six ans, à l'âge
où l'on apprend à écrire à l'école, il n'arrivait
pas à faire le "p" et le "t". Pour le "p" la
maîtresse disait que c'était comme "papa" et pour le
"t" comme "tousse". Le soir, il est rentré à la
maison en larmes disant qu'il était totalement
incapable d'écrire ces lettres. Sa mère fut
angoissée, elle aussi, d'entendre ce que la
maîtresse avait dit, mais elle comprit que le papa
qui tousse évoquait le père qui était mort d'un
cancer des poumons. Elle lui demanda si ce n'était
pas le souvenir du père qui l'empêchait d'écrire ses
lettres. L'enfant fut soulagé mais il n'arrivait pas
encore à les former. Quelques nuits plus tard, le
garçon fit un cauchemar. Il y voyait un énorme
volcan avec un "pipi" dedans. Le volcan fit un "pet"
aussi grand qu'une explosion en faisant "t"... et en
projetant du caca. Le lendemain, il reçut trois bons
points à l'école pour avoir écrit le "p" et le "t"
ainsi que les mots papa, maman et pipi...
Cet exemple nous montre qu'il y avait un double
blocage chez ce garçon. Le premier se situait au
niveau du symbolisme. Le p et le t n'étaient ni
libres ni neutres parce qu'ils étaient liés à la
mort du père. L'interprétation par la mère les a
libérés dans un premier temps et le garçon put dès
lors (non sans peine puisque cela s'est produit sous
la forme d'un cauchemar) élaborer le fantasme d'une
scène parentale.
Sans que personne ne s'en rende compte, tout enfant
doit fantasmer une scène sexuelle du genre de ce
volcan (symbole du sexe de la mère) dans lequel il y
a un pipi (sexe du père) pour arriver à produire le
p et le t comme un pet. Il est d'ailleurs
intéressant de constater que tous les éléments du
cauchemar ont été écrits:
papa, maman, pipi, p et t. Seuls les mots caca et
explosion ne l'ont pas été. Ils ont en effet servi à
libérer la mise en acte moteur de telle sorte que
l'acte d'écrire p et t puisse se faire sans danger
aucun.
Et voilà un autre exemple qui pourrait résumer ce à
quoi sert le travail des images.
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Un soir une
petite fille de huit ans s'était faite sermonner par
sa mère en colère parce qu'elle n'avait pas mangé sa
soupe. Très fâchée elle se met à pleurer, quitte la
table et monte dans sa chambre. Elle prend une page
de papier qu'elle intitule "Pauvre Fleure", Fleure avec un "e" comme
"pleure" parce que le dessin est une projection de
ses pleurs sur le papier. Puis elle transpose sa
colère contre sa mère en y dessinant une vache sans
mamelles, avec une cloche au cou. A l'endroit des
mamelles une fleur tient un écriteau portant l'inscription: "Non à la
violence"! Autre projection de l'agressivité, la
robe de la vache est tachetée de marron et de noir
et pour compléter le tout, une autre fleur brandit
une petite pancarte avec ce cri du coeur: "A bas las vaches".
Dès lors la petite fille en oublie son malheur
puisqu'elle ne sait pas consciemment que la vache
est sa mère. Et pour parachever son travail de
réparation, elle se dessine elle-même sous la forme
d'une belle fleur bleue dont le bras est certes
blessé, mais bien entouré de son bandage par une
autre petite fille, une infirmière équipée de sa
mallette de soins. D'autres fleurs l'entourent et
montrent que le problème est réglé et oublié. Le
dessin a complètement assumé et sublimé le problème
de la soupe.
>Ainsi le travail des images sert à transformer
les bonnes et les mauvaises tensions en narcissisme.
** Quelque part
au fond de la personne, le travail intellectuel des
adultes a la même fonction de réparer l'agressivité
et la violence fondamentale. Lorsque cette
réparation produit des fleurs, on parlera plutôt de
création. Et lorsque le travail réussit à faire la
synthèse complète et à transformer entièrement nos
pulsions en narcissisme, on parlera de sublimation
réussie.
LA MISE EN ACTE
LA MAUVAISE MISE EN ACTE.
Une grande peur, souvent invoquée contre les films et
les jeux violents est la mise en acte. La mauvaise
mise en acte consiste à agir des fantasmes au lieu de
les voir en images visuelles. En simplifiant, on peut
dire que la mauvaise mise en acte consiste à
court-circuiter le fantasme par un acte moteur,
c'est la motricité qui est privilégiée. L'agir est
en prise directe avec l'inconscient trop pauvre en
fantasmes. Il s'agit alors d'une pathologie liée
à la pauvreté des fantasmes. Le somnambule, par
exemple, au lieu de rêver ou de fantasmer qu'il saute
par la fenêtre, le fait ou parfois il fait ce qu'il
rêve.
Un exemple nous est donné par le suicide :
au lieu de fantasmer la mort d'une manière ou d'une
autre, le suicidaire le fait. Le suicidaire met en
acte moteur un fantasme qui consiste à retourner dans
le ventre de la mère. Le fantasme de la naissance où
l'on sort du ventre de la mère est inversé. Tant qu'il
y a un petit reste d'images fantasmées le suicide
échoue. Quand il n'y a plus de fantasme du tout, la
mise en acte va jusqu'au bout. Il s'agit de personnes
qui n'ont pas su investir un monde d'images et de
fantasmes au narcissisme positif. Ces personnes sont
restées bloquées au fantasme de leur naissance
qu'elles superposent avec la mort. Leur monde
fantasmatique est aussi vide que le trou noir dans
lequel elles veulent s'enterrer. Le criminel ou le
violeur ont des fonctionnements analogues à ceci près
qu'au lieu de se suicider, le criminel suicide les
autres. Les pulsions de mort brutes prennent le dessus
sur les pulsions de vie. Qu'on se souvienne de la
Petite Sirène. Son narcissisme ne savait pas faire la
synthèse avec les pulsions de ses amants et ils
étaient entrainés dans la
mort.
Une variante de mise en acte concerne les personnes
qui ne pouvant fantasmer, empruntent des fantasmes aux
films ou là où elles en trouvent pour les mettre en
acte tel cet adolescent qui a utilisé le film de
Scream pour commettre un crime de la même manière.
Mais, là encore, il s'agit d'une incapacité de
fantasmer et le contraire aurait évité le crime. Ce
jeune a cherché un fantasme de remplacement dans
le film, il aurait aussi bien pu le chercher
dans la bible dans l'histoire de Caïn qui a tué son
frère Abel, c'est sa pauvreté fantasmatique qui est
coupable et non le film...
La pauvreté
fantasmatique de Hitler un reste exemple le plus
tristement célèbre. Elle était telle qu'il a été
obligé de mettre en acte la mort de millions de
personnes. Hitler était si pauvre en fantasmes que le
seul fantasme qu'il pouvait mettre en acte était le
fantasme de déféquer sur sa mère. On a des témoignages
qui disent qu'il a déféqué sur plusieurs femmes avec
lesquelles il a fait l'amour (dont plusieurs se sont
suicidées). Il en a fait autant avec les juifs, il en
a fait autant avec toute l'Europe.
LA BONNE MISE EN ACTE
Elle a pour
origine le jeu. Il y a un lien entre l'acte
moteur et le fantasme.
C'est la motricité qui met en acte les fantasmes dans
le jeu. Mais vers dix ans, le fantasme disparaît du
jeu et du dessin. A la puberté, le fantasme du jeu et
du dessin est refoulé au
niveau du Pcs. L'enfant fait alors davantage la
différence entre le fantasme et la réalité. D'une part
les images deviendront réalité, un dessin de carotte
sera une carotte réelle sans arrière pensée... Et
d'autre part la mise en acte motrice du jeu (de Lego
par exemple) se transformera en bricolage avant de
devenir le travail à l'âge adulte. Cependant l'amour
et la richesse du travail resteront liés à la richesse
du jeu de l'enfance désormais inscrite dans le Pcs.
Cela veut dire que le fantasme a lieu sans que l'on
s'en rende compte consciemment. Il sert désormais à la
richesse de l'imagination et au plaisir sous toutes
ses formes. Il agit un peu à la manière dont la
grammaire sous-tend le langage sans même que l'on s'en
rende compte et le plaisir est sous-jacent au travail.
Pour ceux qui savent fantasmer à travers la mise en
acte, le travail prendra une dimension de plaisir, de
création et de satisfaction narcissique. Les personnes
qui, dans leur enfance, n'ont pas intégré du tout la
mise en acte des fantasmes par le jeu, n'auront pas
accès au travail. C'est le contraire, lorsque le
travail est régi par le besoin d'emprise ou par le
besoin continuel de contrôle.
Conditions
de la bonne mise en acte.
On voit l'importance du fantasme dans le jeu. Il faut
savoir que petit enfant ne peut fantasmer dans ses
jeux que s'il peut s'isoler dans son petit monde et
que s'il n'est pas loin d'une personne qu'il aime
bien et avec qui il a une relation individuelle.
Il faut aussi que cette personne ait un minimum de
capacité à fantasmer. Le fantasme vrai ne naît que
dans une bonne relation où l'enfant est fortement
individualisé, grâce à une mère aimant les fantasmes
et un père les structurant. Cela suppose une vie
individuelle importante que peu de sociétés
supportent.
Par ailleurs beaucoup de personnes privilégient la
motricité à la passivité. Or la passivité
favorise le fantasme. A l'école maternelle
par exemple, il est très difficile à l'enfant de
fantasmer à cause du groupe et parce qu'il faut
toujours faire quelque chose ! On oublie que le
fantasme est la base d'une vie intellectuelle riche
dans toutes ses dimensions.
A tout cela, on peut ajouter que pour pouvoir bien
fantasmer, même si les jeux ont besoin de rester dans
la zone des fantasmes des parents, l'enfant a
cependant besoin de choisir (et d'acheter) lui-même
ses jeux. Les fantasmes font partie du monde de chaque
enfant individuellement. L'enfant a besoin de la
liberté de créer son monde imaginaire à lui !
L'aboutissement
de la bonne mise en acte c'est la sexualité.
Le but ultime de la mise en acte est d'arriver à la
mise en acte sexuelle. Les pulsions de vie doivent
prendre le dessus sur les pulsions de mort. C'est pour
cela que beaucoup d'animaux ont besoin de tuer le
rival pour pouvoir prendre leur femelle. La
pénétration met en jeu une grande quantité de
fantasmes et de pulsions. Il s'agit de fantasmer en
sortes que les pulsions deviennent un rituel nuptial.
L'orgasme fait la synthèse finale. Et c'est ainsi que
l'image et le corps peuvent, pour quelque temps, faire
leur unité. La vie prend le dessus sans plus se
préoccuper des pulsions de violence de la mort. La
violence est assumée.
Voilà donc
les rapports entre fantasmes, mise en acte et
violence. Ils nous apprennent comment la richesse de
ses fantasmes et la richesse de ses jeux font la
richesse de l'enfant. Un enfant qui sait fantasmer
et qui joue bien, a l'avenir devant lui. Il y a là,
aussi, une clé pour notre société. La vie
fantasmatique assume la violence.
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