La psychanalyse est un miroir vivant.
              Ce miroir reflète trois niveaux de la psyché :
              l'inconscient, le préconscient et le conscient
                .
              Elle est un processus vivant d'évolution.
              Quel est le rôle du psychanalyste ? 
              Quelques considérations pratiques.
            Le travail central de toute analyse
              réside dans l'interprétation de la partie inconsciente,
              celle qui n'est pas connue de soi, afin de la rendre
              consciente. Cela suppose pour l'analysé de n'avoir pas
              peur de cet inconscient qui ne fonctionne pas toujours
              comme la partie consciente et raisonnée de soi. De voir ce
              qui se passe réellement à l'intérieur de soi, dans la
              partie sur laquelle on a jeté le voile permet de résoudre
              les conflits intérieurs et de comprendre ce qui se passe
              en réalité.
            Le niveau appelé  Inconscient (ou le Ça) contient
            beaucoup de schèmes inscrits dans le corps et il est le
            gardien de tout ce qui est écrit dans l'Adn qui est la
            mémoire  de l’espèce animale humaine. L'Ics gère
            l'instinct animal. C'est là que se situent les pulsions de
            vie (et le plaisir de vivre) face aux pulsions de mort (et
            leurs pensées de mort). Dans les pulsions de vie sont
            inscrits les instincts de survie de l’espèce. L'Ics a besoin
            de prendre du sens et c'est déjà une espèce de miroir qui
            donne un premier sens à ce qui se passe dans notre corps.
            Pendant toute la vie, il y a une lutte entre ces pulsions de
            vie et de mort. La psychanalyse aide à 
              préférer la vie aux pensées de mort. L'Inconscient est aussi le lieu de la mémoire la plus profonde et
              des expériences basiques y compris les mémoires générationnelles et sociétales
                  . Il me semble aussi
            qu'une partie de
                l'affectivité et des sentiments se situent dans l'inconscient
              puisqu'ils viennent du plus profond de notre corps.
            ELLE AIDE A
                REMETTRE LE PASSÉ EN PLACE.
            Une grande partie de nos souvenirs et de nos expériences
            passées est rangée dans l'Inconscient. Le travail sur
            l'Inconscient permet de débloquer les périodes qui n'ont pas
            été bien intégrées dans le passé et il peut faire en sorte
            que le passé ne soit plus un frein à l'avenir. Les parents
            ne seront plus les grands coupables. C'est le rêve qui
            ramène à la surface les images inconscientes en lien avec la
            mémoire du passé.
LE TRAVAIL DU
                PRÉCONSCIENT
            Un perfectionnement, par évolution, du miroir de la psyché a
            permis de rendre plus virtuel le système d'écran de
            l'inconscient et il s'est formé le Préconscient (ou le Soi). Ainsi est née une certaine conscience
              de Soi. Les fonctions du Pcs sont nombreuses. Un
            bon exemple nous est donné par les smartphones. Les
            adolescents aiment faire des selfies
            c'est à dire une image de soi-même (du Soi). Cette image
            virtuelle est envoyée sur les réseaux sociaux. Ainsi
            l'adolescent est reconnu par ses fans et son identité est
            confortée. Et c'est déjà de même manière que le petit enfant
            se crée son identité par un jeu de selfies(=le
            Soi) entre lui et sa mère ou son père auxquels le bébé
            répond par un sourire. Quand le bébé voit sur le visage de
            sa mère les yeux et qu'il entend sa bouche qui parle,  il fait à l'intérieur de
            lui-même (dans son Soi) la synthèse de son image et il lui
            répond par un sourire.   Un autre exemple de Pcs nous
            est fournit par les rêves. Ils ressemblent à un écran de
            cinéma qui ferait un film avec des séquences de mémoire
            inconsciente et préconsciente pour leur donner un sens qui
            tienne la route. L’interprétation des rêves par le psy, leur
            donne ce sens et les images du Pcs deviennent alors Conscients (Moi). Pour
            le psychanalyste cela suppose « l'art » de
            traduire les rêves et l'Inconscient et son travail passe par
            l'interprétation des rêves, des fantasmes et des association d'idées. C'est le
            rêve qui accomplit, pendant la nuit, tout un travail de
            réorganisation et de réparation de l'Inconscient.
            Par ailleurs, le préconscient a aussi pour rôle de
            structurer nos images et nos pulsions. Le Pcs contient aussi
            bon nombre de schèmes de
                structures et d'organisations automatiques.
            Il est un peu ce que la grammaire est à notre
            langage :  en parlant, on en fait sans le savoir
            et sans s'en rendre compte. 
             La psychanalyse peut prendre ce travail du Pcs en main
            et favoriser sa réalisation. Certains de ces jeux de miroir
            aident le psychanalyste à refaire les images et les
            identités perdues ou mal rangées. Les jeux d'un bon miroir
            qui brille apportent beaucoup de (bon) narcissisme ce qui
            donne un certain confort à la vie. Un autre avantage de cet
            investissement intérieur, c'est que la psychanalyse offre
            partiellement la possibilité de créer et d'inventer soi-même
            sa propre psyché ainsi que ses propres moyens et manières de
            transformer l'immense énergie qui se trouve en jeu dans le
            fonctionnement affectif.
                    
                    
                        
                        
LA
                        PSYCHANALYSE EST AVANT TOUT UN PROCESSUS VIVANT.
Ce qui motive une psychanalyse n'est pas tant de vouloir résoudre un quelconque problème de pathologie mais c'est le désir de prendre des dimensions dans la vie et d'évoluer. L’analité, telle une locomotive joue un rôle important dans ce désir. La plupart des gens commencent une analyse :
La
        psychanalyse donne une certaine force au Moi, elle donne le
        droit d'exister et d'être soi-même. Elle remet en juste place le
        décalage entre cette image de soi qu'on appelle narcissisme et
        soi-même. Elle évacue ce qui à l'intérieur ne correspond pas au
        Moi et ne lui appartient pas. Cela n’a rien à voir avec le
        nombrilisme, il s'agit plutôt d'un désir de se prendre en main
        et de ne plus penser que ce sont le monde extérieur et les
        parents qui sont les seuls coupables. Le droit d'exister et de
        réussir sa vie, peut, parfois aussi, venir de l'intérieur, même
        dès la petite enfance. 
          
          
À QUEL ÂGE ENTREPRENDRE UNE PSYCHANALYSE ?
L'analyse
devrait
                  être conseillée à un enfant lorsqu'il a des problèmes
                  de scolarité au C.P.  A cet âge, l’analyse
                  rattrape rapidement les petites déviations du
                  développement et permet de reprendre plus facilement
                  le cours de l'évolution personnelle et scolaire. 
Une analyse exige de venir régulièrement et heure fixe aux séance. Freud exigeait cinq fois par semaine, aujourd'hui, c'est plutôt une fois. Ces séances durent 30 à 45 minutes. Ce temps correspond à une certaine durée du cycle biologique et non à la fantaisie de l'analyste. Le cadre et le contrat du début de l’analyse ont besoin d'être rigoureux. Ils correspondent à la structure psychologique de l'analysé. C'est aussi la raison pour laquelle toute modification des horaires provoque de si fortes réactions. A titre d'exemple, le retard au début de la séance est souvent vécu comme un retard dans l'entrée dans la vie à la naissance. Le déplacement d'une séance peut symboliser le déplacement du cadre et de la fonction paternelle. Une séance supplémentaire peut équivaloir à une gratification narcissique maternelle, à un signe d'amour maternel.
Aux séances la règle fondamentale
                  consiste à dire tout ce qui passe par la tête (y
                  compris les rêves), sans considérations morales,
                  philosophiques, religieuses ou autres... De dire ainsi
                  toutes ses pensées est appelé libre association. Cette
                  valeur est fondamentale. Elle ajoute une dimension
                  nouvelle aux sciences traditionnelles restreintes au
                  raisonnement et à la déduction. Ces deux derniers sont
                  toutefois aussi la base de la psychanalyse qui cherche
                  à comprendre les fonctionnements psychologiques.La
                  libre association est une dimension spécifique à la
                  psychologie humaine. Elle permet que chaque individu
                  ait la liberté d'être ce qu’il est. De ce fait
                  Vérités, Normes, Chapelles, Jugements et autres
                  Idéologies ne sont pas des termes psychanalytiques.
                  C'est elle qui donne sa liberté au Moi.
NÉCESSITÉ DE L'INTERPRÉTATION DE L'INCONSCIENT
Cette méthode de la libre
                  association a été inventée par Freud et elle est la
                  seule qui permette de dégager le fonctionnement de
                  l'Inconscient... et sa propre vérité ! Un des
                  rôles de l'analyste consiste à interpréter ce qui se
                  passe à ce niveau de l'Inconscient. De la sorte
                  peuvent se résoudre un certain nombre de conflits
                  intérieurs entre ce dont on a conscience et ce qu'on
                  ignore de soi. Personne ne peut faire ce travail tout
                  seul. Il nécessite un psychanalyste, parce que ce qui
                  se passe dans l'Inconscient, est, par définition même,
                  caché à son propriétaire ! Ceci dit, il n'est pas
                  conseillé d'interpréter directement l'inconscient le
                  plus profond, celui qui est brut. Cette partie du
                  psychisme est négative et il faut l’interpréter après
                  avoir fait la conversion positive. 
D'une manière plus précise, il est
                  souhaitable que l'analyse se passe au niveau du
                  Préconscient. On reconnaît un bon psychanalyste à sa
                  capacité de travailler (avec souplesse) à ce niveau et
                  de savoir à quel niveau de profondeur se situe les
                  problèmes ! « A quoi ça vous fait
                  penser » ou « Qu'est-ce que ça vous
                  rappelle » permettent de renvoyer aux
                  associations libres et aux souvenirs qui forment le
                  Pcs. et qui font le lien
                  avec l'Inconscient. Il faut procéder avec souplesse
                  parce qu’il y a des personnes qui ne peuvent pas faire
                  d'association libres, d’autres ont refoulé la fonction
                  de remémoration des souvenirs et d'autres encore n'ont
                  que très peu élaboré leur Pcs. Une analyse n'est pas
                  une discussion ou un conseil qui se passent au niveau
                  conscient. Elle n'est pas une confession qui constitue
                  ce que Freud appelait « une décharge cathartique
                  » qui court-circuite le Surmoi et sa culpabilité.
                  L'analyse n'est pas non plus une traduction brute de
                  l'Inconscient. Le Préconscient forme le trait d'union
                  entre le Cs. et l'Ics.
                  L'inconscient est déjà mis en sens et l'association
                  d'idée le relie à la Conscience. J'ai toujours été en
                  admiration devant la capacité de Freud d'entrer
                  progressivement dans la séance. Dans une ambiance de
                  bienveillance et de neutralité, il partait du niveau
                  conscient, laissait un peu de place à la décharge des
                  angoisses ou des soucis et au bout d'une dizaine de
                  minutes, il passait au Pcs. : « Est-ce que
                  vous avez fait des rêvés » ?
L'évolution humaine est une
                  construction qui implique le facteur temps ! La
                  psychanalyse n'aime pas la magie toute puissante qui
                  promet le paradis pour tout de suite ! Même si au
                  bout de quelque temps son effet se fait bien sentir,
                  du fait de ce processus, la profondeur d'une
                  psychanalyse est proportionnelle à une certaine durée.
                  Les couches les plus profondes de la psychè ne peuvent être
                  intégrées qu'à ce prix.
 
La psychanalyse a un certain coût
                  parce qu'elle a une certaine valeur. Le prix des
                  séances varie selon les psychanalystes. Les tarifs
                  sont fonction des psychanalystes et de leur capacité
                  d'adapter leur propre analité à la réalité financière
                  de leurs "clients". 
LA FORMATION PRATIQUE DES PSYCHANALYSTES
Après la folle vague des années 1960 de disputes sur la formation de psychanalystes, on commence maintenant à savoir comment se forme un psychanalyste ! Freud lui-même pensait d'abord que tous ses amis pouvaient pratiquer, puis il a confié la formation à une société de psychanalyse. Freud, Ferenczi et d'autres n'ont jamais fait d'analyse mais ils étaient doués pour se servir de leur autoanalyse. D'aucuns ont pensé qu'on pouvait l'enseigner à l'Université. Les Américains ont voulu réserver la psychanalyse aux médecins.
Aujourd'hui on commence à admettre que la meilleure formation du psychanalyste est celle qui est intégrée à son analyse (ce qui ne le dispense pas d'une formation théorique très importante). Mais on a constaté qu'il est plus facile pour un psychanalyste d'analyser les autres, lorsqu'il peut parallèlement analyser comment il réagit à leurs angoisses et à leurs fonctionnements (= contre-transfert). C'est pourquoi on est moins choqué à l'idée que la psychanalyse des psychanalystes soit souvent très longue. C'est la condition pour qu’ils puissent faire évoluer les cas de plus en plus difficiles dont ils sont amenés à s'occuper. Et leur capacité à mener à bien des analyses limites est souvent proportionnelle à la longueur de leur propre analyse !
Je suis, personnellement, assez sceptique pour une quelconque « supervision » ou un« contrôle » menés parallèlement à l'analyse du psychanalyste. On ne peut pas faire deux transferts à la fois sous peine de fausser le miroir. Ceci ne veut pas dire qu'on ne peut pas discuter de technique ou de théorie avec des psychanalystes plus expérimentés. Demander des conseils est autre chose que d'analyser le contre-transfert. Les« contrôles » ont, souvent été des palliatifs à des analyses mal terminées ou trop courtes. Ils posent également le problème du Surmoi social.
La psychanalyse est une science au même titre que les autres. Ce n'est pas parce qu'elle est une science qui concerne l'intérieur de l'individu qu'elle n'est pas une science comme veulent le prétendre certains scientifiques qui ne croient qu'à la science objective. La subjectivité aussi a ses lois et on ne peut pas nier l'Inconscient !
Cette science de la psychanalyse ne s'invente pas. Il est inconcevable qu'un psychanalyste n'ait pas étudié une grande partie de l'œuvre de Freud et lu un nombre important de psychanalystes contemporains. Mais ce qui est intéressant dans la psychanalyse c'est que l'acquisition de la théorie psychanalytique résulte d'un travail du Moi. Elle est fonction de l'évolution du Moi. La psychanalyse ne peut être comprise que si le fonctionnement correspondant est déjà intégré. Elle ne résulte pas d'un Surmoi imposé de l'extérieur ou par la société. Si la théorie psychanalytique n'est pas une construction du Moi, elle aura des difficultés à être utilisée dans les séances de psychanalyse. On ne peut pas tricher avec du toc ! Le Surmoi ne sert qu'un moment, il donne la structure puis, au moment de la synthèse, il a pour vocation de disparaître.
Il y a un ordre logique dans l'évolution de l'apprentissage d'une théorie. Freud a commencé par étudier les angoisses du corps, puis il s'est débattu avec l'hystérie parce qu'il avait lui-même intégré la symbolisation et ce n'est qu'à la fin de sa vie qu'il a pu essayer de comprendre le fonctionnement des sociétés avec Totem et Tabou et des œuvres suivantes.
En plus de sa formation universitaire ou autre, chaque psychanalyste se construit son monde et ses modèles théoriques propre et il les intègre dans son Moi comme il y intègre son Idéal. Qui n'a pas commencé avec P.Daco ou Méni Grégoire ? Le mélange devient plus savant avec les géants du début : Freud, Abraham, Férenczi, E. Jones... Ils permettent de se former vraiment et de s'introduire... Freud est d'abord idéalisé mais à la fin, il est intégré. Puis ce sont les psychanalystes contemporains qui deviennent les stars. Ces étoiles sont différentes pour chacun parce qu'elles répondent aux besoins de la vie de chacun ! C'est ainsi que chacun se spécialise. Mais ces idéalisations sont, elles aussi, destinées à disparaître avec la synthèse du Moi.
Ce n’est qu'à partir du moment où le Moi a fait une certaine synthèse de la théorie et de la pratique qu'il peut jouer avec le narcissisme et l'analité puis en faire la synthèse par une certaine sexualité œdipienne et libératrice, Les notes et la technique musicale deviennent enfin un bel air de musique qui n'a plus rien à voir avec le solfège, la psychanalyse devient un art et un métier !
Les dissidences ont été nombreuses
                  depuis Freud : Adler, Fromm, Reich, Jung et tant
                  d'autres... Il a été recensé plus d'un millier de
                  formes de parapsychanalyses.
                  Je dirais que chacun cherche dans la vie ce qu'il a
                  envie de trouver et qu’il faut de tout pour faire un
                  monde. Le problème des croyances et de la magie est un
                  problème d'Idéal, d’idéologie, d'illusion, de
                  fascination. L'accaparement de la psychanalyse peut
                  aussi résulter de la toute puissance du Surmoi. C'est
                  ce jeu d'un mauvais narcissisme et d'une analité
                  perverse qui a été à l'origine de toutes les
                  guerres !
Elle est un métier différent de la psychiatrie qui étudie la partie physique, corporelle, neurobiologique et cérébrale du psychisme. Elle se sert des médicaments pour agir sur le comportement humain. Ces médicaments ont fait des progrès considérables et ils sont indispensables dans les cas qu'autrefois on appelait les psychoses. Les médicaments jugulent l'agressivité (comme dans le suicide) ou l'excitation primaires (comme dans le délire) et cela permet alors de faire la psychanalyse. Sans médicaments bien adaptés, la psychanalyse n'a aucune chance de réussite. On peut même observer comment elle fluctue au gré des diminutions ou des augmentations de médicaments.
Elle est un métier différent de la médecine. La psychosomatique fait le lien entre la psychanalyse et la médecine pour comprendre le lien entre ce qui est psychologique et les maladies.
Elle
est
                  un métier différent de la psychothérapie. Ce mot
                  traduit souvent la peur de faire de la vraie
                  psychanalyse. Ce terme désigne des méthodes aussi
                  différentes que la relaxation, l'hypnose ou le
                  traitement des psychotiques. 
J'espère
que
                    ces renseignements vous seront utiles et je vous
                    remercie de les avoir lus !
Sommaire
©
                    Alfred ERBS
Docteur
en
                    ethnologie