Alfred Erbs 23mai22


                                                                                                                              Le masque, le déguisement et la fête.

Point de vue psychanalytique sur l'Image de SOI et comment le masque s’intègre dans les processus qui construisent l’identité par des jeux de miroirs du cerveau…



                                                                                                                 

 



  A l’âge adulte, lorsqu’une femme regarde son visage dans un miroir, elle y voit l’image virtuelle de son visage. 

 Cette image est extérieure à son visage (dans le Soi) et pour être satisfaite de son image, elle a besoin de l'intégrer à son visage réel (dans le Moi).

 C'est pourquoi elle a besoin de se refaire son masque en se maquillant. Ainsi, elle est elle-même.

                               



  

   

 

 

                                       


ÉVOLUTION DE l’IMAGE DE SOI CHEZ L’ENFANT.
1 La première image de soi est d'abord extérieure au corps et elle ressemble à un masque. Elle est virtuelle comme dans le miroir.

 L’image est d’abord virtuelle. Telle un masque elle concerne le visage. Cela ressemble à ce qui se passe au début de la vie : le cerveau du bébé est presque vide d’images, et encore vierge. Puis son cerveau se crée un miroir. Ainsi l'image de l'enfant est d'abord extérieure à lui, elle est d'abord virtuelle comme dans un miroir, elle est comme un masque qu'il devra intégrer pour en faire son vrai visage et construire son Moi.
Plus tard, cette image de l'enfant devient un moyen terme entre l'image du visage des proches et le sien.
* On appelle Soi cette image virtuelle de soi-même. Le Soi est une évolution du Ça et la forme préconsciente du Moi. Il y a beaucoup d’expression du Soi virtuel comme le Soi qui fait partie de l’évolution ou le Soi dans l’image masculine ou féminine de Soi, ou encore comme celui de la dépersonnalisation (dans les danses de transe), dans la schizophrénie ou souvent comme dans l’altzeimer etc.. 

2  Puis le bébé intègre l'image de la tête et du visage

Le sourire du deuxième mois. La mère en tant que miroir.  L'Idéal.

 La première image partielle que l'enfant a de lui-même se fait lorsque vers 2 mois, il sourit à sa mère. Il voit dans le visage de sa mère ses yeux, il entend la voix de sa bouche qui parle et il ressent sa tendresse. À ce visage, il répond par un sourire. La mère ne se reflète pas seulement elle-même dans le sourire, mais elle reflète aussi les émotions de l'enfant, pas seulement son état d'âme propre mais aussi celui de l'enfant.

Ce sourire résulte de plusieurs dimensions.
a)  Il montre que l'enfant sait maintenant faire la synthèse de tous ces éléments du visage maternel et du sien en miroir. L'œil (= l'image visuelle), l'oreille (= l'image acoustique), la motricité de la bouche (la parole-communication) et le bon fond de tendresse (= la cénesthésie) font leur synthèse. L'image virtuelle du visage maternel est introjectée dans le miroir de l'enfant, l'Idéal est intégré au visage.
b) Ce sourire reflète la toute première communication en tant que réponse à la mère. D'ailleurs le bébé exprime alors un gazouillis.
c) Chaque fois qu'il ressent cette communication avec sa mère, son père ou quelqu’un de son environnement, l'enfant affiche un grand sourire parce que grâce à cet investissement, l'enfant commence à exister par lui-même, dans un Moi encore rudimentaire.

 En plus du jeu de miroir, ce processus du sourire fait naître le premier vrai échange d'amour. Le visage de la mère en miroir dans l’enfant réveille la libido de l’enfant : il peut désormais s'aimer lui-même. La mère aime son bébé qui l'aime à son tour. Cet amour, cet échange de libido (= de pulsions, d'émotions) est la condition du sourire. Ce sourire montre bien que l'amour est fait d'un narcissisme, d'un Idéal qui se reflète et s'introjecte dans un corps légèrement polarisé par la cénesthésie légèrement érotique.
Ce sourire a été rendu célèbre par R. Spitz, un psychanalyste américain, sous le nom du "Sourire du troisième mois" (depuis on a découvert qu'il avait lieu un peu avant cet âge). Mais Freud l'avait déjà reconnu comme un souvenir de la toute première enfance dans le sourire de la Joconde que Léonard de Vinci avait peint en y projetant le sourire de sa première nourrice et de sa première image maternelle absente qu'il cherchait encore au fond de lui-même. 


 

Le sourire de la Joconde reflète la nostalgie du sourire de la nounou de Vinci

Les sociétés suivent la même évolution que le petit enfant. Le narcissisme est d’abord extérieur puis investit la tête.

Récemment une exposition sur l’or des Incas montrait comment dans les religions astrologiques des Incas du Pérou, l’or (en temps que narcissisme primaire) représente d’abord Dieu, le dieu Soleil. Puis l’or devient une auréole puis une couronne (celle du roi soleil). Puis l’or devient un masque des yeux (comme un loup), l’oreille (boucle en or), le nez, puis un masque en or du visage complet. L’or n’a pas encore la moindre signification de monnaie, seulement celle d’un narcissisme tout puissant, celle d’une image virtuelle. Ce sera seulement quand l’or recouvrira le ventre que la notion monétaire (d’analité) apparaîtra.

Différents masques d’Idéal.

Dans ce jeu de miroir du premier sourire, ce sont les parents et l’entourage qui servent de modèle et d’Idéal à l’enfant. L’image virtuelle reflète le modèle et l’Idéal parental
que les parents ont pour leur enfant. Ainsi naît la longue lignée des masques d’Idéal (la princesse, les idoles, les stars ou toutes les belles images que l’enfant a envie de devenir un jour)…

        

         Le Bonhomme Soleil

                                                 

     le bonhomme soleil               

                        
     

                        

 

 

 

 

 

 

3  La peur du visage de l’étranger vers 6 mois et demi. Le Surmoi.

Alors que jusque-là, l’enfant répondait à tous les sourires d’un peu tout le monde, entre 6 et 8 mois tout enfant a peur des visages inconnus. Il a peur de tout étranger à son entourage habituel parce que maintenant il fait la différence entre les personnes qu'il aime et les autres.  Les expériences de terreur et d'angoisse sont causées par le sentiment d'étrangeté, c'est-à-dire par le retrait des frontières du Moi. Cette peur pour son unicité et pour son intégrité (= l'intégrisme) lorsqu'il voit un étranger, montre que l’enfant a peur de tout ce qui n’est pas lui et que l'autre n'est pas encore intégré ou investi comme un objet extérieur. Il a peur que l'autre empiète sur son Moi et sur son territoire. Pour faire la différence entre lui et les autres, il doit d'abord acquérir les limites de son Moi qui se confondent avec sa peau en tant qu'image globale…

                                               Scream                      


Ainsi naît chez l’enfant ce qu’on appelle le Surmoi  qui prendra différentes formes : la peur de Dieu (la morale), du grand méchant loup, du juge (la loi), du gendarme etc.. En réalité, ce Surmoi est d’ordre paternel et servira à structurer et organiser l’enfant positivement.

 Différents masques de peur. Différents masques de Surmoi.

Venise a par exemple des masques blancs qui à une certaine époque étaient destinés à semer la terreur. Ce sont des masques de fantômes, de doubles. Le fantôme est un mort-vivant, un revenant plus précisément une personne dont on n’a pas fait le deuil. Selon les coutumes, cette personne pourrait revenir pour se venger ou même se réincarner.

           


      

 

 

 Ce masque
 cache la
 mort .                                                        

 

 L’oiseau de malheur (protège les médecins contre le mauvais sort des maladies)

 

                                                                     

    En Afrique aussi certains masques sont des morts-vivants : les ancêtres viennent visiter les vivants et leur imposer leur loi. Ce sont eux qui disent ce qui est bien et qui est mal et qui disent à la société ce qu’il faut faire pour être conforme et pour pouvoir un jour les rejoindre au pays des morts (=au paradis).Il me semble que la peur des ancêtres est plus primitive que le Soi et elle est là dès la naissance Dans le Ça.




      

Masque

en forme

de squelette

 

                      

(protège les médecins contre le
                                    mauvais sort des maladies)

 

 

 

 

Masque de mort-vivant grec directement moulé sur le mort.

 

          

  Une variété de masques de morts-vivants sont constitués par les masques de Halloween. Ils représentent des fœtus morts-nés (et autres ivg) dont la grossesse est symbolisée par la citrouille. Ces masques (d’origine Irlandaise) sont particulièrement négatifs et c’est sans doute pour cette raison que les fêtes d’Halloween n’ont pas eu de succès en France.
                                                                                                                               

(protège les médecins contre le
                                    mauvais sort des maladies)


4  Vers le treizième mois l’enfant apprend à n’avoir plus peur de l’image de l’étranger. Le déni maniaque.

La magie permet de faire les synthèses (entre Idéal et Surmoi).

    Le clown      


Les masques
de déni maniaque sont
des masques de moquerie.

Un peu plus tard, l’enfant apprend à se moquer de sa peur. Les psys appellent cela le « déni maniaque ». Il apprend en quelques sortes le sens de l’humour… Le clown résultera plus tard de ces processus : au lieu de pleurer le clown se moque de la situation et il rit. Le guignol au lieu d’avoir peur du gendarme se moque, lui aussi de la situation et il tape sur les gendarmes symbole de l’interdit. Il s’agit d’un mécanisme qui court-circuite une situation déplaisante et la remplace par une décharge de rire.


 

Le Loup permet de se cacher pour contourner l’interdit.
Il permet aussi de voir sans être vu!

                                      

 


A Venise, les masques
 de médecin
 protègaient contre le mauvais sort qui  cause les maladies.

    Venise, par exemple, a des masques appelés Loup pour se mettre à l’abri du de cette peur du Surmoi de ceux qui interdisent et qui sont continuellement là à surveiller pour le compte des groupes politiques de la ville. D’une manière plus générale les loups avec des couleurs ou des verreries servent de déni maniaque à outrepasser les interdits en tous genres et surtout sexuels.
Carnaval est une fête où l’on se moque des interdits (du Père), on se moque du phallus puissant du Père. Un exemple nous est donné par Bim-Bam Premier de Nice. Le carnaval permet juste avant le carême de se moquer de toutes sortes d’interdits alimentaires (on mange les pets de nones) ou sexuels. Ce jour là toutes les orgies sont permises y compris celles du sexe… Il sert aussi à se moquer de la mort (du Christ) dont le carême est une préparation.
Les masques de fées, de sorciers ou de magiciens opèrent la même magie bonne ou mauvaise en donnant une puissance magique à l’enfant pour transformer magiquement les choses et les situations…

 La sorcière de Blanche Neige dans le miroir 


 

LE DÉGUISEMENT.

5  Le déguisement concerne l’image virtuelle du corps entier :

Le masque devient le déguisement : l’image virtuelle devient globale vers 18 mois.

  La manière d’intégrer une image globale ressemble au processus du sourire qui intègre le visage à cela près qu’il s’agit du corps tout entier

Lorsque l’enfant sait représenter dans son cerveau l’image du corps entier, il sait voir dans son miroir l’image globale de son corps. Cette image est d’abord virtuelle et elle ressemble alors à un déguisement. Mais au début cette image est encore extérieure à l’enfant, loin de son corps et elle mettra de nombreuses années pour être intégrée au corps à l’âge adulte.image (le narcissisme se joint au corps en plusieurs étapes : le cerveau, le visage, le ventre, le sexe (= les pulsions primaires, l’oralité, l’analité et la sexualité), Les images peuvent aussi faire leur chemin toute seule indépendamment des pulsions. 


Le double, l’âme sont aussi des figurations de cette image virtuelle encore hors du corps.

             

v

 

 

Le double : Arlequin est un double projeté dans la lune. (L’astrologie et l’animisme projettent les bonnes et mauvaises émotions des vivants dans les astres ou dans la nature).

 

Comme les masques le déguisement peut prendre trois dimensions.

1 Les déguisements en Idéal ressemblent aux masques de l'idéal.

Vers trois ans
A partir de trois ans, c’est le vrai âge des déguisements. Ils aideront l’enfant à intégrer son image de lui-même. La petite fille par exemple se déguisera en princesse pour avoir une belle image d’elle-même et beaucoup de narcissisme. Le petit garçon se déguisera en superman pour pouvoir grandir et devenir un jour un homme puissant.

                 

v



L’enfant aime se déguiser en son Idéal en l’image
qu’il voudrait un jour acquérir :
 une image de princesse comme maman ou de superman comme papa.

 

 

 Le Père Noël est un Père idéalisé.  Son contraire est un Père fouettard surmoi.

 



                                                                                                        



Chez l’enfant le père Noël fait partie des illusions utiles jusqu’à l’âge de six ans et dix ans. Il est une illusion illusoire lorsqu’il est détaché de la réalité après ces âges-là. Le Père Noel est aussi un superman, un super père...

2 Le déguisement de peur ressemblent aux masques de peur.



L’épouvantail

     




 Alien


 

Les dinosaures.

Les monstres.

Les dragons.

Les épouvantails

 

3 Le déguisement de déni maniaque ou de magie ressemblent aux masques de déni.

      

           

 

Il ya :

Vandulf le bon magicien et son inverse,

    Le mauvais sorcier,

        La fée et la sorcière.

 

6  Vers six ans la Scène parentale.

 

Dessin d’un enfant de six ans :

 Le feu de Bengale entre les jambes montre que la scène parentale intègre la notion de fête avant six ans comme synthèse entre l’image et les pulsions. On  voit aussi l’importance du déni maniaque dans ce dessin pour la fête. Cet enfant se moque de ses parents qui font l’amour et refoule leur acte.

 

Jusqu’à six ans l’enfant apprend à fantasmer la Scène parentale des parents qui font l’amour. C’est la forme que prend son Œdipe entre 0 et 6 ans. Il veut savoir d’où il vient et qu’il est issu de l’amour de ses parents. Il apprend ainsi à faire les premières synthèses entre ses pulsions sexuelles (encore limitées à cet âge) et son narcissisme. Ce sont ces différentes synthèses sexuelles qui ajoutent à ses images, la magie, l’enchantement, le plaisir et les érotisations nécessaires. Ces synthèses élémentaires de la sexualité pourraient être illustrées par l’exemple de simples notes de musique qui au lieu d’être des notes mécaniques deviennent une belle musique. La sublimation que l’enfant sait faire à ses six ans résulte de cette synthèse psychosexuelle.

Quelques exemples de Perversions des adultes issues de la scène parentale qui servent fréquemment de déguisements.
Les acteurs utilisent positivement la scène parentale. Ils s’identifient aux parents qui font l’amour pour jouer une scène sublimé. La porno provient du voyeurisme de la scène parentale (ex les grosses lunettes de déguisement).Dans les Perversions sado-maso les chaines et les menottes sont les symboles du  cordon ombilical lien à la mère.Le fétichisme utilise les culottes jarretelles ou les cheveux comme celles de la mère en tant qu’image partielle de la scène parentale. La prostitution  permet de ne pas faire la cour aux femmes et court-circuite leur narcissisme pour obtenir une satisfaction pulsionnelle immédiate comme le fœtus.

             

        

                     

Ces déguisements traduisent des fantasmes de puberté : les pulsions sont encore brutes, mais la sexualité est encore neutralisée comme chez les nones et leur versant sexy de ce catalogue publicitaire de déguisement.

        

        












        

7  La puberté.

Un déguisement qui correspond par exemple à la fin de puberté autour de 14-15 ans est celui de la bonne sœur et de la put…toujours par couple d’opposés. Le noir et le rouge. Le noir est une absence de narcissisme : à la puberté, il n’y a pas encore de sexe ni de plaisir, le rouge symbolise les pulsions brutes qui envahissent les jeunes gens à la puberté.

                                              

        

Ce beau dessin d’ange-démon est aussi un fantasme d’adolescent. L’ange y est l’enfance et le démon les pulsions de la puberté.

 


8  À l’adolescence.

    À l’adolescence, il va falloir intégrer l’image masculine et féminine pour pouvoir devenir un vrai homme ou une vraie femme. Il faudra encore intégrer l’image du Père et de la mère pour pouvoir devenir parent… Il faut encore que l’Idéal et le Surmoi disparaissent et que l’adolescent soit à lui-même son idéal et son surmoi, qu’il n’ait pas peur de faire sa vie selon son propre projet sans peur du monde extérieur, de sa famille ou de la société environnante. Tous les masques et déguisements tombent et la réalité prend le dessus… L’adolescent se  créé aussi sont image de groupe notamment par la mode.

                                         


      

Les initiations (et autres bizut) sont des processus d’identification au groupe social.
La société imprime la loi  (= le Surmoi)des ancêtres morts dans la peau (identité) des jeunes)
pour les forcer à être conformes.
A l’adolescence le passage initiatique permet d’intégrer l’identité individuelle et groupale.


        

 

 


 La mode est une image sociale.
Elle prend des formes qui correspondent à un moment donné à une image que se donne la société. Elle peut, dans certains cas pathologiques, être une vraie tyrannie. Elle peut être noire négative, maniaque, etc., mais il est normal que les adolescents entre 11 et 14 ans aiment la mode. Ils veulent tous les même jeans, ils boivent tous le même coca-cola parce c’est l’âge où ils communient aux ados du monde entier où ils s’identifient aux jeunes du monde entier. Lorsque le Moi est assez fort la mode disparait.
L’uniforme est une image du Surmoi du groupe social. Le gendarme interdit au nom de la société.
Le festival de Cannes est une fête de l’image et un marché où l’on achète du narcissisme.
A l’age adulte.
L'âge adulte achève le narcissisme et l'Oedipe en les étendant à tout le corps.
Notons ici que le masque et le déguisement de l’enfant ne sont pas les mêmes que ceux des adultes. Les femmes qui se maquillent utilisent un processus de narcissisme d’adultes alors que le masque de princesse de la petite fille est un processus d’idéalisation de l’enfant.

COMMENT SE CREE L’IDENTITE.

Le masque et le déguisement s’inscrivent dans des processus plus globaux d’identification.

Les masques et les déguisements ont pour but de donner à l’enfant une certaine identité qu’il n’a pas encore ou qu’il n’a pas eue ou qu’il aura un jour. Ils font partie d’une synthèse et d’une évolution plus globale que l’on appelle l’identification. Cette identification permet de donner au Moi une bonne et belle image de Soi.

 

                                                                     

L’identité en général.

Une part héritée.

L’identité corporel et l’identité psychique (le corps et son image).

 La vraie identité est celle du corps, du Moi corporel physique telle qu’elle est inscrite dans le corps (par l’Adn) et résumée dans le cerveau. Mais il y a aussi au plus profond du Ça un noyau de l’identité psychique. Elle traduit, tel un tampon, l’image inscrite dans le Moi corporel (= le Ça)

Dès le départ une part de l’identité physique et psychique est héritée des parents, ( le fœtus est même en fusion avec le corps de sa mère), des ancêtres (d’où seront issus les morts-vivants et les monstres) et de la société. Ce sont toutes ces dimensions qui sont inscrites dans le Ça.

 Le Surmoi et l’Idéal des ancêtres, de la société et des parents sont là dès le début. On appelle Surmoi, le jeu des instincts et des peurs extérieures (les forces du mal des films) mais aussi les structures et les organisations (comme la loi par exemple). On appelle Idéal aussi bien les mauvaises illusions que les bons modèles extérieurs (les forces du bien) à intégrer. Les ancêtres ont souvent pour fonction de dicter ce qui est bien et ce qui est mal. La société veut en faire autant. Les parents servent de modèles à leurs enfants. Ils leurs donnent les bonnes limites et structures du Surmoi et les bons idéaux.

L’identité corporelle garde une certaine permanence. Le noyau de l’identité psychique est stable lui aussi. Le nom et le prénom sont des formes d’identité qui ne changent pas beaucoup à travers les âges de la vie. Le prénom donne l’identité individuelle (de Soi et de Moi). Le nom de famille comporte l’identité des lignées des ancêtres inscrite dans le Ça.

Une part acquise et évoluée.

* Mais une partie de l’identité change avec les âges de la vie. L’identité n’est pas une photo d’identité plate et unique. Il s'agit d’images vivantes et changeantes qui s'adaptent aux situations, à l'âge, etc.. L’identité n’est pas dotée d’éternité comme le rêvaient déjà les Égyptiens ni d’une éternelle jeunesse comme le souhaiteraient la plupart des personnes âgées.

*L’identité est aussi faite de plusieurs couches qui se superposent à ce noyau stable. L’identité est composée d’un certain nombre de couches comme, par exemple, ces poupées russes qui représentent souvent cinq générations matrilinéaires. Parfois, les noms de la fille, de la mère, de la grand-mère, de l’arrière-grand-mère et de l’arrière-arrière-grand-mère sont écrits sous les socles (en général cinq générations matrilinéaires).

En premier la cénesthésie, l’attachement créent un bon fond à l’identité.

En premier c’est la cénesthésie qui organise le noyau corporel. C’est la cénesthésie, faite de tendresse, de caresses, de chaleur et d’un peu d’érotisation qui sert de bon fond à l’identification. Cette érotisation produit, (telles des bulles ou le picotement des yeux du marchand de sable qui endort les enfants), les premières images visuelles hallucinatoires internes. Elle correspond à l’attachement. Sans cénesthésie, l’identité est creuse et manque de base solide. La peau, la matière des doudous ou la matière des vêtements, correspondent à cette cénesthésie. Ainsi, se crée l’attachement par un échange de tendresse et de caresses.

Les pulsions de vie et de mort font une synthèse avec la cénesthésie et deviennent les bons et les mauvais sentiments. C’est la cénesthésie qui fait le lien entre les affects, les sentiments et l’image visuelle de l’identité. Et c’est ainsi que la cénesthésie transforme les pulsions brutes en Ça.

Puis différentes autres couches.

*1° Avec l’apparition des images visuelles dans le cerveau, l’image du bébé fonctionne d’abord sur le mode hallucinatoire. L’Image est créée à l’intérieur, dans le cerveau du bébé, selon des schémas internes issus du cerveau. Mais il y a encore, là dedans, beaucoup de désordre au gré des tensions et des grimaces du bébé.

*2° Puis le bébé projette ses images internes dans le monde externe du cosmos (l’astrologie des devins). Il projette aussi ses sentiments (bons ou mauvais) et ses peurs dans le monde extérieur de son environnement (l’animisme des chamans). Il se crée dans les astres un rudiment d’idéalisation et il apprend un rudiment de maîtrise du surmoi et des peurs du monde extérieur (la peur du loup dans la forêt). L’enfant sait maintenant gérer l’hallucinatoire (comme le font les devins) et agir sur l’environnement (comme le font les chamans). L’animal a sans doute une identité de ce genre puisqu’il marque son territoire, son monde extérieur.

*3 Puis l’image devient virtuelle, elle se réfléchit dans le cerveau comme dans un miroir. Ainsi commence à se créer l’identité. Certains psys appellent cette identité virtuelle, le “Soi“ ou le “Moi encore virtuel“. L’enfant peut maintenant apprendre à rêver et à fantasmer. Beaucoup plus tard, grâce à ces mêmes jeux de miroir, son Moi pourra réfléchir avec son intelligence ce qui se passe dans son cerveau.

*4° Petit à petit la projection des sentiments cénesthésiques perfectionne ses allers-retours entre le corps et l’extérieur. Quand la cénesthésie de l’enfant a une bonne réponse de ses parents, sur ce bon fonds s’ajoutent les images visuelles, acoustiques et motrices du visage de ses proches. Cela se réalise par la projection et l’introjection des images, par des allers-retours entre le cerveau et l’extérieur. Le miroir interne de l’enfant se superpose, alors, au visage des parents. Les parents deviennent le modèle, l’Idéal et cet idéal est intégré dans le cerveau de l’enfant. (Plus tard l’imitation sera une évolution de ce système). Les jeux de miroirs entre les parents et le bébé produisent le sourire de l’enfant et créent la première communication. On voit là comment l’enfant se crée son identité et comment il a besoin que son identité soit confirmée et reconnue dans le miroir de ses parents.

Au bout d’un certain temps, ces allers-retours entre proches et enfants permettent à l’enfant d’avoir une image-identité globale d’abord de lui-même puis de tout l’environnement et, à la fin, le corps de la mère deviendra le paysage du monde entier…

*5°  Petit à petit (vers 6 ans ?) l’enfant commence aussi à réaliser des jeux de miroir avec la société. L’enfant quitte sa maison pour aller à l’école. L’instinct de survie revient à la charge pendant la latence et à la puberté pour faire advenir une identité sociale

*6° A la puberté, le corps force l’identité corporelle à changer et il s’y intègre une sexualité nouvelle. La vie pulsionnelle est forcée de changer.

*7° A l’adolescence, le miroir du corps change puisque le corps change et ainsi le miroir a besoin d’une nouvelle identité psychique. L’adolescent doit maintenant trouver sa propre identité. Un peu plus tard dans l’adolescence, l’identité se différencie tout doucement de celle des parents. L’image se sépare de celle des parents mais les parents sont intégrés. L’adolescent intègre aussi en lui-même les identifications à différents groupes et l’identité sociale (sport, travail surtout, etc.). . L’identité sociale et l’identité individuelle feront une synthèse à l’adolescence par le passage initiatique. Et tout cela se passera encore par les jeux d’aller-retour dans le miroir du cerveau. West Side Story est un bon exemple de l’identité sociale que veulent acquérir les adolescents.

*8° A l’âge adulte l’identité fait sa synthèse individuelle grâce à la sexualité et il peut se crée une identité de couple.

L’adulte intègre toutes ces identités dans le Moi. Quand je suis Moi-même, l’image devient vraie, réelle. (je suis Moi dans ma tête, Moi dans mon travail, Moi dans le couple, etc..). .). L’Idéal et le Surmoi extérieurs sont considérablement affaiblis parce que l’adulte est à lui-même son propre Idéal et sa propre Loi. Il connaît ses limites et ses illusions.

*9° L’image du corps est à nouveau modifiée autour de la cinquantaine par la ménopause-andropause puis à la vieillesse par la régression du corps.

10° Le plaisir ou la fête

Dans le développement, l’adulte sait trouver du plaisir à manger (oralité) à travailler (analité) et à faire l’amour (sexualité). Le plaisir est une synthèse individuelle dont l’orgasme réalise la synthèse de la sexualité. Il aime faire la synthèse entre le narcissisme et ces différents modes de pulsions. Faire ces synthèses donne le plaisir qui est une la fête individuelle. L'orgasme aime réaliser une synthèse entre le bon narcissisme et l'Oedipe.

Mais la fête est davantage une synthèse sur un mode sociale. Il y a les fêtes de la nature... Il y a les fêtes sociales qui ont pour origine le narcissisme astrologique. Les célébrations des cycles lunaires puis des cycles solaires (le dieu soleil des Incas ou des Égyptiens )(Noël, Pâques, les feux de la st Jean sont des fêtes solaires). Il y a les fêtes des identités de groupes ou nationales…etc...

Il y a aussi les fêtes qui sont des synthèses entre l’identité individuelle et l’identité sociale : les communions solennelles, les rites initiatiques ou les rites de funérailles ou autres encore.…  

L’identité est liée à l’objet.

L’identité est aussi liée à l’objet. L’identification se construit par l’objet soit par fusion narcissique avec l’objet, soit par projection sur l’objet externe puis par son introjection. L’identité est intégrée différemment selon que le modèle est idéalisé ou selon le Surmoi que représente l’objet de l’enfant. A la fin, l’identité veut devenir l’identité du Moi. Celle d’un couple se fait selon des jeux de fusion et selon des jeux d’objets plus ou moins virtuels ou réels. La Petite Sirène nous montre comment le bas de son corps de virtuel (= miroir narcissique) devient réel et sexué. Pour cela elle a besoin d’un Prince Charmant. L’homme a besoin d’une initiatrice. L’identité sexuelle a besoin d’être confirmée par un objet d’amour initiateur…

L’identité est un jeu du narcissisme vers le corps ou du corps vers l’image.

C’est cet ensemble de tous ces processus que l’on appelle l’identification. De manière simplifiée, on peut dire qu’il s’agit d’un jeu du virtuel (c’est-à-dire du narcissisme) et du corps et inversement.L’identification est une synthèse entre le narcissisme et les différentes sortes de pulsions. L’identité est faite par l’introjection de l’image dans le corps. Le narcissisme du miroir fait sa synthèse avec les pulsions dans le corps. Le résultat, c’est que l’on a une belle et bonne image de soi et que l’on devient soi-même pour être bien dans sa peau. L’image quitte le virtuel extérieur et devient réelle à l’intérieur. Je sais qui je suis et je suis Moi! Cette intégration des images dans le corps varie avec les changements du corps et de l’âge.

Au fil du temps et au fur et à mesure que l’identification réalise l’unité image-corps, la notion de masque et de déguisement disparait (normalement dès la fin de l’adolescence).Lorsqu’une femme se regarde tout entière dans un miroir, elle y voit son image virtuelle globale. Grâce au miroir, elle met cette image virtuelle dans le corps.Notons ici que la femme se préoccupe de son image. Elle aime recevoir son narcissisme de son miroir qui lui reflète son image ou celle que lui reflète l’entourage. Elle reçoit son narcissisme de l’extérieur vers l’intérieur, elle est réceptive. Elle a besoin d’être reconnue dans son image. Son identité est davantage construite à partir de son image (de son narcissisme).

L’homme au contraire se préoccupe plus de sa valeur. Il a besoin d’être reconnu pour sa valeur, il a besoin que sa puissance soit reconnue. Son identité se joue plus dans sa puissance. Il cherche sa puissance à l’intérieur de lui et il la sort vers l’extérieur pour les femmes. Le corps lui donne son image.
Lorsqu’un homme et une femme font l’amour, ils échangent leur narcissisme et leur puissance. Et c’est aussi de même manière que le Prince Charmant réveille la Belle au Bois dormant dans cette belle mythologie de l’adolescence.
Le narcissisme peut venir de l’intérieur ou de l’extérieur. Le masque et le déguisement partent de l’image virtuelle pour s’intégrer dans le corps. Ils peuvent représenter une image interne fantasmée (comme Bim Bam premier) ou une image externe (comme le masque ridiculisé d’un président). Le Roi Soleil se revêt du dieu Soleil ! Le masque et le déguisement partent de l’image virtuelle pour s’intégrer dans le corps. Ils peuvent représenter une image interne fantasmée (comme Bim Bam premier) ou une image externe (comme le masque ridiculisé d’un président)Le tatouage donne une image au corps ou inversement le corps produit son image. Le tatouage sert d'identité dans bon nombres d’ethnies.L’image virtuelle aussi bien que le corps peuvent éventuellement évoluer séparément.Dans ces synthèses, on voit que l’image virtuelle (et le narcissisme) peut faire son chemin indépendamment d’abord sous la bonne forme de l’idéalisation puis, en dépassant les limites, jusqu’à devenir une illusion ou un mysticisme. De même les pulsions du corps peuvent suivre leur chemin à elles (comme dans la psychosomatique par exemple) .

 

Un exemple montrant comment se crée l’image de soi puis du Moi et comment se fait l’identification à partir de l’image virtuelle vers le corps : Une gothique vue par Karl Lagerfeld pour Chanel, lors d’une exposition à Paris : La petite veste noire


Les jeux d’images dans la création de la Petite Veste Noire par Karl Lagerfeld.

Ce poster de Virginie Viard nous permet de comprendre les étapes qui ont été nécessaires au créateur pour créer ce vêtement.
1° Il a fallu que Karl Lagerfeld imagine l’image (la hallucine) dans sa tête, dans ses fantasmes. On appelle cela « une image virtuelle d’origine hallucinatoire interne » parce qu’elle a été créée et produite dans l’imagination de KL.
On reconnaît sur le manteau les fantasmes qui ont servi à sa création :Des ex-voto de morts-vivants genre Scream. (Le premier album du groupe Siouxsie and the Banshees s’appelle Sream)         Il serait intéressant de savoir qui étaient ces visages. Les groupes Métal et les Gothiques portent de telles médailles ou objets métalliques.
Des épingles de castration féminine. Une chaîne de cordon ombilical comme d’un fœtus mort ( en lien avec la naissance).Et des phallus sadiques en métal et déplacés sur l’épaule (ces pointes ressemblent à celles des casques de l’Empire allemand). [Il faudrait voir si son père ou grand-père avaient fait la guerre.] En Allemagne K.L. est surnommé l’Empereur.
L’ensemble de ces décorations reproduit une scène sexuelle imaginaire (appelée « scène primitive des parents qui font l’amour » par Freud). Il s’agit de l’Œdipe entre 0 et 6 ans. C’est cette scène primitive qui permet la synthèse de ces fantasmes. Réaliser ces synthèses forme le génie de KL.
2°Dans un deuxième temps, ces fantasmes sont projetés sur le corps d’une femme et il devient alors, une image virtuelle du corps, un vêtement = l’équivalent d’un déguisement.
3°Dans un troisième temps, cette image virtuelle devient la mode à partir du moment où il est socialisé par un défilement de mannequin. La mode est une image sociale virtuelle qui sert de modèle au narcissisme du groupe.
4° A la fin, la mode deviendra un prêt à porter c’est-à-dire une vraie image du corps, un simple vêtement. Le fantasme a alors disparu de ce vêtement. L’image n’est plus virtuelle mais réelle. Chanel l’a vendu en l’adaptant aux clients et sans les objets en métal (sous le nom de « la Petite Veste Noire »).

Les jeux d’identifications dans la Petite Veste Noire..

On trouve au moins quatre jeux d’identification dans le vêtement créé par K.L..La peau du corps se revêt d’une image et d’un beau narcissisme.
1 L’identité Chanel aux lignes pures et sobres telle que la concevait Coco Chanel.
2° L’identité  K.L. avec les clous et autres ferrailles .
3° Ces deux identités deviennent la mode, c’est-à-dire l’identité sociale de toutes les personnes qui se retrouvent dans la simplicité de Chanel ou dans le gothique de K.L.. La mode est une communion d’identité universelle ou d’un groupe social : elle crée une identité sociale. Les mannequins représentent de pures images pour être universelles… Les enfants en s’identifiant à Superman pourront un jour intégrer leurs propres images paternelles.
4° À la fin, le vêtement doit s'adapter à l'identité du Moi du client qui l'achète. Les uns l’achèteront sous sa forme gothique. (Actuellement, il y a des clous sur les chaussures, sur les sacs, etc. dans toutes les vitrines). Les autres l’achètent sous la forme Chanel que K. L. vend aussi sous sa marque.
Le génie de K. L., c’est de pouvoir créer toutes ces identités et d’en faire de beaux vêtements.
C’est de la même manière que la personne humaine fait évoluer son image
*Notons ici, qu’il y a déguisement tant que l’on est dans l’ordre du fantasme : les clous de KL sont des fantasmes qui se superposent à l’image vraie (au vrai vêtement).Un autre exemple nous est donné par Galliano de l’entreprise C.Dior dont les vêtements dans les défilés sont plus de l’ordre du fantasme, de l’art et de l’ordre des déguisements très haut de gamme.
PS. *Cela nous montre aussi que chaque marque de vêtements, chaque chaîne, chaque magasin a besoin d'une identité et d'une image qui lui est propre, mais qui répond aussi à une certaine identité de ses clients.

Autre exemple montrant comment se crée l’image virtuelle à partir du corps.

L’identité peut aussi aller dans le sens  du corps (du réel) vers le virtuel comme c’est le cas de l’image du cinéma.
Le cinéma



Pour pouvoir être un modèle, les stars (Arielle Dombasle ou Mylène Farmer par ex.) et les mannequins doivent, dans leurs rôles, se faire une image et
    un narcissisme les plus virtuels (transparents) possibles où le corps disparaît au maximum.                                                   

Dans le cinéma le processus psy est l’inverse de la démarche de K.L. Alors que ce dernier part de ses fantasmes pour aller vers une image vraie, l’acteur quitte son identité propre pour s’identifier à une image virtuelle, à un fantasme, à une image hallucinée ou imaginée par le scénariste. Son corps se revêt d’une image qui n’est pas la sienne. Le masque et le déguisement au cinéma demandent une projection de l’acteur dans son personnage : il se confond avec une image de cinéma qui n’est pas la sienne.
J’ai entendu, à la télé, Jeanne Moreau expliquer que lorsqu’elle joue un rôle, c’est son image virtuelle, son miroir qui change. Elle devient le personnage, le rôle qu’elle joue…et qu’il est quelquefois difficile de ne pas se perdre soi-même…
*Les mannequins nous donnent un autre exemple de personnes qui veulent avoir une pure image virtuelle comme celle d’un miroir. Elles veulent avoir un narcissisme pur et tout-puissant pour que tout le monde puisse s’identifier à elles et pour qu’elles puissent être un modèle d’image pure pour tout le monde.
*Le double, l’âme sont aussi des figurations de cette image virtuelle hors du corps.                                                                                                                   

                                

Batman et la citrouille d’Halloween                                                                Batman, chevalier des ténèbres avec sa Chauve souris de la face noire, c’est à dire la face inconsciente fantasmée
                                   
                                                                                                                         Catwoman avec ses chaines et son fouet sado-masochiste.                                                                                                                   Johnny Depp s’identifie à un beau masque.                     

Le théâtre.
Alors que le cinéma est une projection virtuelle visuelle (= issu du voyeurisme-exhibitionnisme), le théâtre est moteur, une mise en acte.
Au théâtre l’acteur se confond avec une mise en acte dans un rôle.

Il y a beaucoup de pathologies de l’image du corps et du narcissisme.
Notons ici que l’identité peut être faussée, voire pervertie quand elle résulte d’un faux self, ou de processus faussés au départ. Les parents, par exemple peuvent faire prévaloir leur Idéal sur celui de leur enfant : un jour il sera grand comme notre Idéal!!! Le prince Harry n'avait pas voulu être prince au grand désespoir de la Reine sa mère.

La notion de faux Soi : l’identité est faussée.

Mais lorsque l’enfant s’identifie à un faux Idéal (voire à une illusion), à un faux Surmoi ou à un faux Moi (qui ne lui permet pas d’être lui-même) il acquiert un faux soi. C’est le cas de tricheurs, voleurs ou autres menteurs. Chez le petit enfant le masque et le déguisement marquent la phase où il intègre le Soi. Si l’adolescent ne réalise pas entièrement son identification, le masque et le déguisement des adultes peuvent devenir des faux et montrent que le Soi et le Moi n’ont pas été intégrés.La plupart des perversions résultent d’une perversion du Soi soit pour l’Idéal soit pour le Surmoi. Les fétichismes par exemple.
Il y a très souvent conflit entre l'image et les pulsions, c'est à dire entre le narcissisme et l'Oedipe.

Au niveau individuel.Un exemple de pathologie du narcissisme.
L’anorexie est un exemple de pathologique du narcissisme. L’anorexie consiste à garder le narcissisme (c’est-à-dire l’image), le miroir du corps absolument pur et extérieur à soi. Ni la vie, ni le narcissisme ne peuvent plus pénétrer d’aucune manière dans le corps de peur de se mélanger à l’aliment ou à une autre partie du corps qui pourrait ainsi ternir le narcissisme. C’est une forme de suicide par une tyrannie totale du narcissisme. L’impératrice Sissi a souffert d’anorexie. Elle voulait à tout prix ressembler à une pure image et elle maltraitait son corps par une tyrannie de l’alimentation et par du sport qui dépassait les limites… Plus tard dans sa vie, après la perte d’un bébé puis le suicide de son fils, son anorexie s’est transformée en « mélancolie » c’est-à-dire en pensées de suicide avec un fort désir de se débarrasser de son corps. Elle disait qu’elle était une morte-vivante.

Chez une jeune fille, l’anorexie est apparue dans l’ordre  suivant : elle n’a plus voulu manger de pain (la communion, partager le pain) puis plus de fromage (le lait et la puanteur) puis plus de chocolat (un grand plaisir anal, narcissisme +analité), puis plus de porc (il ne faut pas salir le narcissisme, le porc étant un symbole de saleté, de cochonneries) ni de viande rouge (=, il ne faut pas manger le cadavre, il ne faut pas mélanger le narcissisme avec la pourriture. Cela rejoint l’image du mort-vivant). Cela veut dire que le narcissisme ne doit pas se mélanger avec la bouche (= l’oralité), avec l’analité ni avec la sexualité. Le narcissisme ne doit entrer en contact avec les pulsions (comme pour les mystiques d’ailleurs).L’identité individuelle se construit à plusieurs niveaux par les synthèses entre narcissisme et pulsions.

Au niveau social .
B.Grunberger a montré l'importance de ces conflits. Les systèmes narcissiques et les systèmes œdipiens ne font pas toujours bon ménage. Il cite le conflit Lacan, Nacht à l'intérieur de la Société de psychanalyse. Il cite les conflits religieux  entre christianisme et judaïsme. Aujourd'hui il y aurait ajouté l'islamisme. Il décrit mai 1968 comme une révolte du narcissisme contre les systèmes œdipiens paternels.
Tous ces conflits peuvent avoir lieux chaque fois qu'il faut faire une synthèse entre image et pulsions et aussi bien au niveau du Ça, du Soi ou du Moi.

Il y a quatre fonctions qui permettent de se construire une bonne identité.

Comme nous l’avons vu pour le masque et les déguisements, la synthèse narcissisme-pulsions se construit à plusieurs niveaux.
a) Le narcissisme pur et les pulsions brutes évoluent séparément.
L’enfant perfectionne d’abord les pulsions et le narcissisme séparément avant de les mettre ensemble.
Les pulsions brutes sont prises en charge par la cénesthésie (la tendresse et la chaleur de la mère). Il se crée tout ce que représente le doudou. La cénesthésie fait le lien entre narcissisme et pulsions au niveau du Ça.
Le narcissisme, de son coté, fait briller les images et les intègre dans le miroir (dans le Moi). Il est d’abord virtuel et extérieur à l’enfant (dans le Soi) comme si son cerveau formait un miroir.
Par tous ces jeux de synthèse, le Ça et le Soi deviennent Moi. "Wo Es war soll Ich kommen!"disait Freud.
Voici un autre exemple de narcissisme séparé des pulsions :
Le ballon de fête.
Le ballon n’est pas simple à expliquer. Il y a le ballon, la balle, la boule (la boule de cristal, les boules du sapin de Noël), (perdre sa boule) (les boules lourdes de pétanques), la bulle (même le marché boursier peut faire une bulle lorsqu’il est détaché de la réelle valeur des choses !), les bulles (le champagne qui se vend à cause de ses bulles) (les bulles de savon des enfants) et il y a le cocon (qui deviendra le doudou) … Dès le Moyen Âge, on gonflait des vessies d’animaux et en les chauffant on les envoyait en l’air. En Chine les ballons sont en papier et forment parfois les enseignes des maisons closes (où l'on s'envoie en l'air). Parfois, le ballon symbolise un gros ventre illusoire, une grossesse psychologique (comme on dit).
Voici le cheminement symbolique du ballon de fête.  Les ballons sont gonflés à l’hélium mot qui signifie ciel. Puis ils sont envoyés en l’air. Le ballon monte au ciel où il rejoint les étoiles et autres lampions du pays de l’astrologie. Il monte au 7° ciel avant de s’éclater. Tous les enfants connaissent la nécessité et le plaisir de faire éclater les ballons (comme les bulles de savon). Parfois, en éclatant, le ballon fait pleuvoir des milliers de paillettes de toutes les couleurs comme feux d’artifice ! A une certaine époque l'astrologie nous envoie le Père Noël descend du ciel en passant par la cheminée… A une autre époque l’astrologie a fait venir les Rois mages pour reconnaître le divin enfant et ils lui offrent des cadeaux : l’or (=narcissisme anal), l’encens (= la toute puissance) et la myrrhe (= l’éternité). A la fin de l’histoire il peut parfois s'agir de la réincarnation lorsque le ballon forme à son tour un gros ventre...
Tous ces exemples nous décrivent le cycle complet du narcissisme qui évolue sans lien aux pulsions. L'évolution du narcissisme peut être positive ou négative.
Les religions et les idéologies, par exemple, se servent de ce système.

Le ballon nous apprend les possibilités du narcissisme sans le corps.
La FETE ou le ballon qui explose.

Le ballon est le symbole du narcissisme détaché du corps qui est d’abord Idéal puis à la fin illusion s’il monte trop haut. Quand il explose (comme les feux d’artifice) c’est la fête comme dans l’orgasme par lequel on s'envoie au septième ciel.
Le ballon représente le narcissisme indépendant du corps, il est de l’ordre de l’idéalisation, du rêve. Mais il ne faut pas que l'Idéalisation comme le ballon monte trop haut. Il faut qu’il éclate à un niveau raisonnable, sinon l'Idéal devient illusion, puis mysticisme. Encore plus haut, il devient clivage entre l’image (le narcissisme) encore virtuelle et extérieure du corps et le corps lui-même. (Autrefois on appelait certains de ces clivages schizophrénie).
A l’origine, le ballon rond ou ovale symbolise le placenta qui est le plus souvent imaginé de couleur transparente, translucide. Ce ballon est clair et il aime monter dans le ciel parce qu’il représente l’Idéal c'est-à-dire le miroir du cerveau.  Dans les jeux d’enfants, les Zeppelines et les avions forment une évolution de ces ballons. Mais quand il s’éloigne trop du corps ou de la réalité l’Idéal, devient l’illusion. À travers les idéologies, l’Illusion voudrait mener le monde.
Le ballon doit être vide ou en tout cas plus léger que l’air.

 

 

Le ballon est un narcissisme de fête. Il a son origine dans le placenta du gros ventre en grossesse. Les bulles du champagne symbolisent le liquide amniotique et la communion…

Lorsque le narcissisme fait sa synthèse avec les différentes pulsions c'est la fête.
Après la phase des pulsions séparées du narcissisme, se développent trois systèmes, trois sous-ensembles de neurones, bien différents et assez indépendants les uns des autres. Ils s’intègreront au fil du temps dans le miroir du cerveau. Il s’agit de l’oralité, de l’analité et de la sexualité.
b) Au niveau oral : le narcissisme et les pulsions orales font leur synthèse par la bouche.
L'introjection du narcissisme (de l’image) commence par l'introjection orale encore appelée communion dans le langage courant. Ce narcissisme fait une synthèse avec les yeux, les oreilles, la bouche et le visage tout entier. Par la communion le petit enfant s’identifie à ses parents, il met leur modèle en lui. L’origine lointaine de cette communion provient de l’instinct animal qui fait que les animaux qui dévorent la même proie, forment un même groupe. Les animaux communient lorsqu'ils dévorent le corps et le sang d'une même proie. Après sa naissance, le bébé prend sa place et sa part (du gâteau) à la table familiale. La mère veille au narcissisme familial. La table permet la communion entre les membres d’une même famille et sert à créer le narcissisme et l’unicité familiale. Le cocon maternel puis le sein puis la table sont les premiers lieux de communion. Manger à la table familiale donne unicité à la famille. La fête de Noël par exemple répète la naissance, la nativité de chacun des enfants en même temps que c’est la fête du Soleil (du narcissisme) et la fête de l’unicité familiale.
c) Au niveau anal : le narcissisme et les pulsions anales font leur synthèse sur le modèle du ventre.
La deuxième forme de synthèse narcissisme-pulsions est de type anal. L’enfant sur son pot se sent le maître du monde et il jubile. Le narcissisme fait sa synthèse avec l’analité et donne ainsi le plaisir de la puissance (y compris la puissance sexuelle) et le plaisir d’avoir de la valeur. Il s’agit du plaisir d’un individu qui fonctionne bien et qui pense qu’il a sa propre valeur. Le plaisir de travailler résulte de cette synthèse anale. Le chocolat (marron) donne un plaisir fort.
La balle ou la boule lourde et remplie sont de l’ordre anal et ressemble à la monnaie qui est faite d’or (= le narcissisme du soleil, la lumière, la vie) et de choses réelles comme la matière qui ont une valeur. La différence entre l’argent avec le ballon c’est que la monnaie n’est pas remplie de gaz mais elle est remplie de terre glaise, il doit être en lien avec la réalité il y a de la matière dedans (=l’analité) . Avec les ballons on échange l’Idéal. Avec l’argent on échange le narcissisme contre de la valeur ou de la valeur contre de la valeur mais certains échangent du narcissisme contre du narcissisme...
Chez les Incas le dieu est le Soleil. Puis le soleil devient une auréole puis le soleil devient l’or  (la couronne du roi-soleil). Puis l’or devient un masque des yeux (comme un loup), l’oreille (boucle en or), le nez, puis un masque en or du visage complet. A la fin le Soleil devient le roi-Soleil tout entier.
L’argent sans support réel perd sa valeur et devient une illusion. Au jeu, l’illusion est reine. Lorsque le jackpot fait bling bling c’est la jubilation même si c’est illusoire ! La loterie est une illusion qui consiste à croire que l’argent peut tomber du ciel sans le travail… Lorsque le travail aboutit ou lorsqu’on touche sa paye, en retour, c’est aussi une fête et le narcissisme prend sa valeur. Le narcissisme et la valeur qui lui correspond devraient correspondre à une réalité, même le Bitcoin!
d) Au niveau sexuel : le narcissisme et les pulsions sexuelles font leur synthèse sur le modèle des systèmes sexuels.
La dimension la plus évoluée de cet échange de narcissisme et de pulsions libidinales se trouve dans la sexualité. La vraie fête est celle qui aboutit à la fusion du couple sur le plan individuel. La sexualité marque l'aboutissement et l'apothéose du droit au narcissisme et au plaisir. La cénesthésie (= la chaleur, la tendresse, l’érotisme) permet de faire la cour et d'avoir le contact pour aboutir à la fusion sexuelle entre les corps. Il faut ajouter que même d’un point de vue psychologique elle seule réalise la synthèse des synthèses. Cette synthèse concerne tout le fonctionnement psychologique et l’orgasme sert de modèle à tout aboutissement psychologique. Les choses de la vie sont plus vivantes et plus faciles lorsqu’elles fonctionnent sur le principe du plaisir ! L’instinct de survie et le plaisir de vivre passent par les nombreuses fonctionnalités et dérivés de la sexualité. L’instinct de survie passe par le couple et les enfants. La cénesthésie transforme les pulsions brutes en amour. C’est l’histoire des princes charmants, de la belle et de bête et de toutes ces histoires de prostituées qui deviennent de grands amours… La sexualité est à la fois communion et puissance anale en un échange de cénesthésie, de narcissisme et de pulsions.

 La FETE en société.

La fête procède de l’échange de narcissisme (des images, de la séduction) et des pulsions. Déjà dans les temps, les plus reculés les hommes célébraient les fêtes du Dieu Soleil, du narcissisme le plus ancien… Toutes les religions du monde utilisent à leur manière les fonctions psychologiques de ce jeu entre le narcissisme et les pulsions. Elles appellent fête, l’aboutissement de la purification, du sacrifice et de la communion.  Les synthèses par les pulsions amoureuses (par la cénesthésie) sont individuelles
1) La fête renouvelle le narcissisme, la belle image de soi en donnant une nouvelle image. Elle restaure l’identité. Les personnes en fête se revêtent d'un bel habit, signe de leur image narcissique et de leur identité retrouvée.
2) Elle renouvelle les pulsions. Elles donnent du phallus. La danse par exemple est une forme de prélude par une sexualité socialisée. En société la fête voudrait être un équivalent social de la synthèse sexuelle. La musique et la danse y forment un rituel de l'image acoustique et motrice comme les danses nuptiales animales. Le groupe est heureux de se retrouver ensemble et en communion. On danse, on mange, on boit et on oublie tous les soucis. On communie au groupe avec lequel on fait la fête. Chacun trouve son narcissisme de groupe à condition aussi d'y trouver sa valeur individuelle.

 

 


******************

FIN

 

  Alfred ERBS

Docteur ès sciences humaines
Docteur en ethnologie
Psychanalyste à ORLÉANS
e-mail : alfrederbs@gmail.com
web : http://www.psychanalyseerbs.com/
copyright réservé 2021

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